Dépendance

C’est un mot qui me fait sourire. Ou plutôt son antonyme. Indépendance. Depuis que je suis jeune, je l’entends ce mot-là. « Tu vas acquérir ton indépendance. » , « Tu as besoin de ton indépendance. », « Passe ton permis, il te faut ton indépendance. », « Les études, c’est important, pour travailler et être indépendante. »

Indépendante, mais dépendante de l’instructeur de l’auto-école. Indépendante, mais dépendante des profs qui notent ton bac. Indépendante, mais dépendante d’un patron qui te donne des thunes à la fin du mois. Indépendante, mais dépendante des « bons conseils » sur ton indépendance.

Je suis très loin d’être indépendante, qu’à cela n’en déplaise aux autres, ma situation me convient très bien. Quand j’ai décidé de ne pas continuer mes études, et pire encore de ne convoiter aucune carrière professionnelle, j’en ai entendu des hauts-cris! « Tu vas rester dépendante de ton mari????!!!??? » et encore : « Nous, qui nous sommes battus pour la LIBERATION des femmes!!! »

Je ne suis pas en train de te déshonorer : je suis libre de choisir ce que je veux faire. Et si je ne veux pas travailler, c’est ma liberté de choix. Je ne suis pas prisonnière de ma situation. Le problème demeurant : je suis dépendante financièrement de mon mari. Ah. Même si je ne ressens pas vraiment cette dépendance, cela questionnent beaucoup les autres.

Je suis délicieusement dépendante de mon mari : de sa douceur, de son amour, de son soutien, de sa présence. Et je peux affirmer que la réciproque est vraie. Mon homme est dépendant de sa femme également. Il a besoin de moi comme j’ai besoin de lui. Et c’est ainsi que notre couple fonctionne. Je ne me sens pas dépendante de SON argent. Parce qu’il n’y a pas de « à lui » ; « à moi ». Nous sommes une équipe : il travaille à l’extérieur, je travaille à l’intérieur. Notre salaire est le nôtre à la fin du mois. Nos récompenses sont les mêmes au bout du compte.

Je rigole intérieurement quand on me fait sentir que je suis diminuée, parce que je ne travaille pas pour moi, égoïstement. Ah ah ah. Trop de personnes pensent encore que tout le monde doit fonctionner sur le même modèle pour vivre aussi heureux qu’eux. Trop de gens autour de moi pensent avoir trouvé LA bonne façon de vivre, et veulent l’imposer aux autres. Trop oublient que nous sommes tous différents et avons des aspirations différentes.

Ma dépendance me va très bien, et je préfère quant à moi, être dépendante de mon mari, plutôt que de patrons, de banques et de crédits. On nous fait croire à une probable indépendance. Mais nous restons dépendants. A vie. On continue de nous faire courir après les rivières de l’Eldorado, mais on ne se rend pas compte du trésor qui se trouve à nos pieds. On nous fait miroiter des bonheurs impossibles, mais chaque minute peut être source de joie.

Je suis dépendante, et je le vis bien. Très bien.

26 commentaires

  1. Myriam · décembre 26, 2012

    Finalement ce que tu revendiques c’est tout simplement un droit à la différence. Mais on accepte pas facilement la différence dans notre société.
    En fait, personnellement je pourrais dire « je suis indépendante, et je le vis bien »! C’est un peu le contraire de toi. Je ne supporterai pas de devoir demander de l’argent à mon mari pour m’acheter un pull, ou de devoir lui demander de m’emmener au magasin ou ailleurs. Et mon mari ne le supporterait pas non plus. Le tout est de trouver un équilibre dans son couple et quand cela a été fait par choix comme c’est le cas pour toi et moi, on ne peut en tirer que du bonheur. Ce qui ne m’empêche pas d’être dépendante de son amour par ex mais on a chacun besoin de nos petits moments d’indépendance pour mieux se retrouver ensuite.

    • Salwa · décembre 26, 2012

      Effectivement, c’est un autre mode de fonctionnement. Mais j’ai ma carte bancaire, avec notre argent à nous. J’achète mes habits sans lui demander de me fournir quoique ce soit 😉

  2. emilieoumkalthoum · décembre 26, 2012

    Je te kiffe Salwa ❤

  3. lemiroirdelamya · décembre 26, 2012

    Salam Aleykoum 🙂
    Quel bel article, j’étais justement en train de penser à ça! 🙂
    La notion d’indépendance est tellement subjective… Je suis comme toi j’aime cette douce dépendance affective 🙂
    Financièrement par contre j’aimerai gagner plus pour qu’on puisse souffler et qu’on puisse mettre plus en commun mais c’est du boulot que je suis dépendante… Toute indépendance a son lot de dépendances en somme….
    🙂

    • Salwa · décembre 26, 2012

      Il y a mille raisons de choisir (ou pas choisir, d’ailleurs) de travailler 😉

  4. oum Zakaria · décembre 26, 2012

    Salam Alaykoum

    Et surtout, tous les bons donneurs de conseils oublient ou ne veulent pas savoir que nous sommes tous entièrement dépendants de notre Créateur. Toutes choses que nous avons, nous l’avons que de Lui, alors qu’Il n’a nul besoin de nous. Hamdulillah

    Merci pour ton article, comme toi, je revendique le droit à un choix différent de la norme mais qui me va bien !

  5. Laetitia Regnier Épouse Boucchioua · décembre 26, 2012

    selem alayakoum, c’est tout à fait sa moi aussi sa m’éneve quand les gens me disent que je dépend de mon mari. Bon ma situation n’est pas exactement la même que toi car nous avons chqu’un notre compte, et aussi bizard que sa puisse paraitre c’est moi qui paie les factures, avec les allocations que je recoi sur mon compte. Mais pourtout se qui reste sur nos deux comptes nous prenons les décisions ensemble. En plus c’est moi qui a le permis à la maison donc… et puis ou est la dépendence??? Pour moi c’est agréable d’etre à la maison de s’occuper de ses enfants de les voir grandir en fait je crois que moi je suis dépendente du bonheure de ma famille car c’est saqui me rend heureuse, à chaqu’un son bonheur

  6. Paprika · décembre 26, 2012

    Je crois que le combat des femmes et des hommes visant à « délivrer » la femme des carcans qui l’emprisonnaient était juste et nécessaire. Je ne crois pas que ce combat ait eu pour but de nous faire tomber dans un autre totalitarisme, passer de femme objet à individu isolé. Les gens qui te disent « mais ce n’est pas pour CA qu’on ‘est battues » se trompent : ils se sont battus pour qu’on ait le choix.

    L’indépendance n’est qu’une étape dans la vie. L’objectif, c’est celui de l’interdépendance : accepter de n’être pas un tout isolé, mais au contraire, comprendre que c’est l’union qui fait la force. Accepter d’être la tête de pont dans un domaine, et de seulement participer dans un autre.

    C’est très difficile, en fait, parce que cela suppose de s’oublier un peu pour se fondre dans un objectif commun : son couple, sa famille, son équipe, son entreprise, sa communauté, sa patrie… Chacun a vocation a être la brique d’un mur, le maillon d’une chaîne aussi importante et primordiale que toutes les autres…

    • Salwa · décembre 26, 2012

      Wahou. C’est tout ce que j’ai trouvé à lire en lisant ton commentaire.
      En fait, c’est tout à fait ça. Merci à toi de ton passage.

      • clo · décembre 27, 2012

        J’ai lu l’article et je voulais dire quelque chose, mais Paprika l’a dit genre 100 fois mieux que quoi que ce soit que j’aurais pu dire 🙂

        « Libérer » les femmes (et y en a encore besoin de nos jours malheureusement), pour moi c’est faire en sorte qu’elles soient libres, donc qu’elles puissent choisir.

        • oum Zakaria · décembre 27, 2012

          Ah oui !! super le commentaire de Paprika !!

  7. Pingback: Interdépendance « A l'air libre
  8. Oumm Yâssir · décembre 26, 2012

    As-Salam’alykoum

    Ah bravo, bien dit !
    1000% d’accord avec toi ! ^^

  9. penseesdunemusulmane · décembre 27, 2012

    Moi aussi j’ai été élevée comme çà: soit indépendante financièrement pour qu’aucun homme ne décide jamais de ta vie à ta place. J’ai aussi connu des périodes de dépendance financière envers mon mari sans que cela ne me pose le moindre problème. Je pense qu’on le vit très bien car nos maris comprennent ce travail d’équipe qu’est la vie de couple.

  10. Nilala · décembre 27, 2012

    Si les femmes se sont battues pour cette indépendance, c’est parcequ’elles subissaient la dépendance. Ne pas avoir le droit de vote, le droit de travailler, de prendre une contraception,… sans l’autorisation de son mari, nous parait aujourd’hui impossible et pourtant, il n’y a pas si longtemps, les femmes subissaient.
    Et pour moi vous oubliez un fait dans cette dépendance: l’avenir incertain. Bien sur que des couples restent ensemble à vie mais on n’est pas à l’abri d’un accident, d’une séparation et ce qui est certain aujourd’hui n’existe plus demain.
    Je comprends qu’on fasse le choix de rester à la maison, même si j’ai choisi de travailler, mais j’ai du mal à comprendre qu’on prone la dépendance comme telle.
    Combien de femmes dépendantes se retrouvent perdues, à la rue après 20 ans de mariage?
    Ne pas travailler à l’extérieur d’accord, mais avoir un métier/fait des études, passer son permis, avoir accès aux comptes, avoir un VRAI choix.

    Parceque, Salwa, ce que tu décris n’est absolument pas une dépendance 😉

    • Salwa · décembre 27, 2012

      Peut-être bien.
      L’avenir incertain est la peur de tout mon entourage. Et celle qui me fait le moins peur. Parce que notre avenir (même ensemble) a souvent été incertain financièrement. Et comme l’a dit Oum Zakaria, pour moi, nous sommes dépendants de notre Seigneur qui nous nourri. Et certainement pas de nos maris.
      Donc, je m’en remets à Lui, pour tout, toujours 😉 Mais c’est souvent une conception qui est mal ou pas comprise… Pas toujours évident, je le conçois.

    • emilieoumkalthoum · décembre 27, 2012

      Même en travaillant, l’avenir est incertain.
      Cependant, en tant que croyants, nous savons, comme l’a dit Salwa, que Dieu subvient à nos besoins : nous faisons les causes, mais c’est Dieu qui donne.

      Je me suis personnellement retrouvé dans une situation qui aurait parue très critique à bons nombres de gens, mais je n’ai jamais douté du fait que je ne manquerais jamais de rien, car c’est Dieu qui donne.

      Je pense que cette dépendance dont fait l’éloge Salwa peut difficilement être comprise pour quelqu’un qui n’a pas la foi.

  11. khadija · décembre 27, 2012

    Tu as la chance d’avoir un mari qui considère que l’argent qu’il gagne t’appartiens et ça c’est rare.Cela fait de toi une femme libre…et l’indépendance et la liberté sont soeurs jumelles n’est-ce pas?
    Je pense que si les femmes d’aujourd’hui tiennent tellement à être indépendantes c’est qu’elle savent que celle ci est fragile…

  12. sorcieredulogis · décembre 29, 2012

    Sans parler du divorce (j’aime pas brandir ce spectre… ), il y a l’option du décès où là par contre, on n’y peut strictement rien. Je sais que tu revendiques d’avoir choisi de ne pas faire d’études, mais pour moi c’est le point sur lequel je ne suis pas d’accord dans ton texte. D’autant que l’âge où on fait les études, c’est un âge où d’habitude on ne sait rien de notre future vie : certaines resteront célibataires toute leur vie.

    Pour tout le reste, je valide : être à la maison c’est pas dépendre de l’argent de son mari, c’est avoir fait le choix d’une entreprise commune pour bâtir une famille selon notre vision. C’est pas l’argent du mari, c’est celui de la famille… Mais ça, pas mal de gens ne le comprennent pas 😦

    (Et personnellement, je ne demande pas à mon mari d’argent pour payer un pull, on paye toutes les factures et les frais, et ce qui reste, on en fait ce qu’on veut chacun de son côté)

    • emilieoumkalthoum · décembre 29, 2012

      Mais tu ne vas construire ta vie en te disant que peut-être tu vas divorcer, que peut-être ton mari va mourir, etc. !
      J’ai personnellement été dans cette situation : divorce et étudiante, donc pas de revenus, à part une bourse de 300€. Mais ce divorce était nécessaire pour moi, alors j’ai compté sur Dieu, je l’ai invoqué, et j’ai sauté le pas.
      J’ai un peu galéré, mais j’ai réussi à m’en sortir. J’ai même réussi à trouver un petit job étudiant avec mon foulard (car ça non plus je ne voulais pas le sacrifier), qui a doublé mes revenus : je me suis donc retrouvée avec 600€ par mois. Et je m’en suis sortie ! Grâce à Dieu !

      Après, tu peux très bien avoir fait des études et travailler, mais ne pas avoir un job qui te plaît, où subir le harcèlement moral de ton patron ou que sais-je, et ne pas oser quitter ce job par peur de te retrouver au chômage ! Et elle est où la liberté ?

      Travail ou pas travail, études ou pas études, ça n’est pas ça qui garantit ta liberté. Se sentir libre, c’est comme être heureux, c’est un état d’esprit, donc ça ne dépend que de toi ! Tout en sachant que tu ne seras jamais libre à 100%, puisque tu seras toujours dépendante de Dieu qui peut t’enlever comme Il t’a donné.

      • Salwa · décembre 29, 2012

        Tu m’ôtes les mots du clavier.
        Je reste très sceptique sur le formatage des études… Est-ce vraiment une indépendance?? Ne restons-nous pas dans la dépendance de cette pensée unique, de ce qu’on veut nous faire croire, de cette pseudo-liberté qui vient avec le fric gagné « grâce » à un job qu’on aurait eu « grâce » à ces études??
        Non, ce cheminement est loin de ma pensée, en fait…
        On a vécu des périodes de galère intense, malgré que nous étions mariés, et que mon mari a un diplôme d’ingénieur (même pas besoin de divorcer ou de perdre son conjoint, hein…???). On a vécu, avec rien dans les poches. Et là encore, le diplôme de mon homme ne nous a pas nourri. Et même actuellement, s’il bosse avec son diplôme, nous n’avons pas en tête que ce sont ses études qui nous ont fait arriver là.
        Pas du tout.
        Et encore une fois : la liberté ne vient pas avec l’argent…?? Quand on parle de dépendance/ indépendance, on ne pense qu’à l’argent…
        Mais je rêve de revivre mes premières années de mariage, les poches vides et le coeur plein…

        • emilieoumkalthoum · décembre 30, 2012

          Pareil ! Mon mariage est plus jeune que le tien, mais je garde un très beau souvenir des débuts galère ❤
          En plus, ne rien avoir de matériel mais en être satisfait, ça donne un peu un sentiment de puissance je trouve.
          Après, on s'enlise dans la routine, on achète des meubles, de l'électro-ménager, etc. Mais finalement, on était pas mieux sans cette table de cuisine ou ce lit ?
          Ah Salwa, je crois qu'on fait partie de ces derniers illuminés qui croient encore qu'on peut vivre d'amour et d'eau fraîche ^^

  13. islamie · décembre 29, 2012

    salam
    je comprends ta sérénité d’esprit, moi aussi je raisonne comme cela, et je sais que c’est ALLAH sobhanou qui donne et qui enlève….
    Et il y a des « choses » qui favorisent l’accroissement de « richesses » et aussi la baraka, comme etre reconnaissant, etre bon envers les liens de parenté, demander pardon, avoir la crainte de ALLAH sobhanou etc etc
    aussi savoir vivre selon ses moyens et ne pas avoir un amour immoderé de l’argent. C’est fort ce que je dis je le sais bien mais moi j’y crois et je le constate, wal hamdoulah.

    en fait la vie est simple pour celui qui a la foi mais pour cela il faut ADMETTRE qu’on est rien et que l’on DEPEND de ALLAH; c’est une forme de soumission
    Oui c’est ALLAH le Riche qui donne, sobbhanou
    Wal hamdoulah, c’est vrai, je comprends….meme si je comprends aussi qu’on ne puisse pas comprendre!

    Pour ma part, je dois dire que je comprends aussi la pensée « dramatique »: divorce, décès parce que lorsqu’on voit ça autour de soi, forcément cela donne à réfléchir…
    Après on choisit ou pas, de « dépendre » du mari….certains ont le coeur serein tandis que d’autres ne cesseront de s’inquiéter de cette « prise de rique ».

  14. Natou · décembre 30, 2012

    Salam aleikoum, comme toujours depuis que je te lit certains articles j’aurais pus les écrire différemment mais avec le même ressentiment. J’ai tout fait a l’envers de ce que les autres aurais aimait que je fasse! Encore aujourd’hui on me parle d’études, de permis alors que mes préoccupations son autres ; j’aime la relation que tu décrit avec ton mari qui ressemble beaucoup a la notre avec mon doudou!

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