Passion

Capture d’écran 2014-10-22 à 10.57.13Et voilà que la folie reprend le dessus. Comment accepter cette situation? Pourquoi l’a-t’il laissé se dégrader jusque là? Ce n’est plus la même personne. Il la regarde sans la reconnaître… Ses yeux sont étranges, ses cris hystériques dont on ne comprend rien. Le mieux, c’est de sortir, la laisser un peu tranquille, sinon, il serait capable de perdre ses nerfs lui aussi… Il passe une chemise propre, et il note la fureur dans ses yeux. Elle est hurlante : « TU SORS, C’EST CA? TU VAS ME LAISSER COMME CA? » 
Ne pas répondre pour garder son calme. Ne surtout pas lui répondre. Elle se jette sur lui, et arrache sa chemise. Quelques boutons sautent au passage, il la repousse violemment, elle lui a fait mal, il a une grosse griffure sur le torse… « POURQUOI TU ME FRAPPES? » elle hurle, elle ne se contrôle plus. Comment surmonter ça? Il restreint son envie de lui en coller une pour de vrai. Il prend un autre t-shirt, elle recommence son hystérie. Excédé, le coup part tout seul. Dans l’épaule. Sur le moment, il aimerait la transformer en punching-ball. Mais elle se mortifie, se protège la tête. Il la regarde avec un peu de pitié, un peu de dédain… Comment peut-elle se victimiser à ce point? Il sort, claque la porte, et éteint son portable. Il la connait, elle va appeler, le harceler, lui demander pardon. Pas envie de lui parler. Il fait trois pas, et les larmes explosent, sortent en torrent. Comment se fait-il, que ces disputes continuelles mûrissent au creux de leur amour? Incessantes, qui reviennent, se répètent. Il allume son téléphone. Il trouve 3 appels en absence, et 15 SMS… Qui commencent par de la colère et se terminent en pardon… Il connaît le scénario par coeur… Mais qui inlassablement se répète sans fin… Il va rentrer à la maison, la crise va reprendre deux minutes, mais elle sera plus silencieuse. Puis il la prendra dans ses bras, ils pleureront ensemble, ils se jureront de ne plus se blesser jamais, ils se diront qu’ils s’aiment… Ils s’aimeront… 

Folie d’amour passionnel…

Un jour, un jour, ils seront plus sage… Tout le monde le dit, les premières années de mariage sont les plus difficiles… Il faut réparer ce qui est cassé. Pas le jeter. Il rentre en courant à la maison.

Emplie d’amour

douceur2Dépassée par une épreuve. La laisser derrière moi. Et constater… Constater que l’humanité n’est pas morte, se rendre compte que je ne suis pas la seule à crier pour l’humanité, pour l’amour, pour le respect. Pas la seule concernée par cette bataille : respect de tous, de tous, de tous… Acceptation.

Je me sens emplie d’amour, et parfois de tristesse, mais toujours d’amour. Emplie de tristesse, parce que je me rends compte qu’il reste quand même des personnes qui réagissent trop souvent au quart de tour…

Moi aussi, j’ai pu réagir au quart de tour, ce qui m’a amené à vivre cette épreuve… Mais les épreuves ne sont pas là pour te détruire, mais pour te grandir. Tu dois en tirer des leçons, et t’endormir la tête pleine de bonne résolution, et le coeur lavé. On trébuche, on tombe, on se relève, on a même le droit de retrébucher, de se rattraper sur le bord du trottoir, de retomber malgré tout, mais de se relever toujours.

On a le droit. Mais on ne doit pas oublier qu’on ne vit pas seul, et que les pas qui nous ont fait trébucher, ont peut-être blessé une personne derrière nous. Nous devons des excuses. Même si parfois elles sont difficiles à sortir de sa bouche, de son coeur… Un petit peu de temps qui passe, et déjà la chute nous semble moins grave que ce que l’on a vécu au moment de celle-ci. Alors, se retourner et prendre soin des autres, en prenant soin de soi.

Prendre soin de la terre, prendre soin de ses enfants, prendre soin de ses voisins, prendre soin de son foyer… Mais prendre soin de soi. Surtout. S’aimer. Se respecter… Et ensuite, il sera tellement aisé d’être emplie d’amour pour les autres.

Je lis, sur les réseaux sociaux, beaucoup de haines, de colères, de moquerie, d’indifférence. On passe d’un sujet grave, à des blagues vaseuses. On débat sur des futilités, on se tire dans les pattes…
On trouve aussi des trucs bien, hein… De jolies citations (même avec des fautes d’orthographe… tant pis… On finit par s’y faire!), des photos pleines d’espoir… Et tout le reste.

On pose des questions, les gens répondent, on ne lit pas tellement les réponses… C’est le principe. Parler pour extérioriser, beaucoup parler pour ne rien dire, mais besoin de le sortir. C’est ainsi… Et puis c’est tout.

Mais se rendre compte que malgré le fait qu’on ne connait pas les 3/4 de ses « amis » virtuels, ils sont tout de même hyper solidaires… Tu ne te sens plus seule avec ton problème. Tu as tes amies, et leurs épaules. Tu as ton ordi, relié à d’autres amies… Tu es soutenue, et tu reprends vie.

Alors mon coeur s’emplit d’amour. Pour vous… Pour ma famille…. Pour ma Terre. Et surtout, surtout, pour ALLAH.

Culpabilité

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Depuis le temps que cette idée d’article trotte dans ma tête. Le mettre par écrit, est un peu comme une épreuve, un cri aussi… Ce besoin de culpabiliser, constamment…

Je me souviens…

Je me souviens, toute petite déjà, quel âge, 4 ans, peut-être? Devant ce pull vert que ma mère avait sorti de l’armoire… Et j’avais décrété que je ne le voulais pas, que j’aurai préféré porter le violet. Je me souviens également d’une discussion où finalement ma mère avait cédé à ce pull violet, qui n’allait pas du tout avec mon pantalon… Mais à cet âge, que veux-tu… Et je me souviens que ma mère m’avait répété que les deux couleurs ne s’accordaient vraiment pas ensemble, mais bon, ce n’est qu’une histoire de pull, après tout. J’avais gardé mon pull pour la journée. Et bien, crois-le ou pas… Je me souviens du sentiment de culpabilité qui m’a empli cette journée. Je me souviens même, qu’en rentrant le soir, j’avais dit à ma mère « j’ai envie de pleurer, mais je ne sais pas pourquoi », et je me souviens que déjà à cette époque, je savais pourquoi, mais que je ne voulais pas le dire. Alors, je m’étais mise devant le miroir, et je m’étais mise à pleurer. Pleurs libérateurs, coupable de n’avoir pas suivi le choix de ma mère.

Etrange souvenir. Quand on sait que ma mère est certainement la dernière personne à me faire
sentir que j’aurai pu être coupable de ne pas suivre ses choix… Non, je me souviens bien que c’est un sentiment que j’ai crée de moi-même, car je n’ai pas eu d’autres reproches par la suite.

Et ensuite, la culpabilité ne m’a pas lâché… Plus tard, je m’excusais sans cesse pour un rien… Et aujourd’hui encore, c’est un caractère qui est ancré en moi. Je m’excuse pour tout, même quand ce n’est pas à moi de le faire. Ma mère me disait souvent « mais arrête de t’excuser sans cesse, tu n’as rien fait! On dit « qui s’excuse, s’accuse », mais de quoi t’accuses-tu? »

La culpabilité, ce sentiment tellement présent, chez la plupart d’entre nous. Et quand tu accomplis ton rôle maternel, sentiment décuplé, exacerbé… Impossible de passer à côté.

Culpabilité constante, pour tout, tout ce que tu fais. Un rhume de bébé? C’est ma faute… Un cauchemars? C’est ma faute… Un bras cassé? N’en parlons pas… Une dispute au parc? Aïe aïe aïe… Le laisser manger des frites et des pâtes à chaque repas? Sacrilège. Culpabilité ne nous lâche pas.

J’essaye de m’en détacher, de l’envoyer loin, de la valser à l’autre bout du monde, de divorcer d’avec elle. Elle revient à la charge par d’autres portes…

Mais j’ai compris. Compris que la culpabilité n’est pas forcément mauvaise, n’est pas forcément une mauvaise alliée… Pas toujours.

Il y a des choses, pour lesquelles on culpabilisera, et à part des noeuds au cerveau et à l’intestin, ça ne nous apportera pas grand chose d’autres. Mais pour d’autres, cela nous fera grandir, évoluer, repenser notre façon d’éduquer. La culpabilité est bonne quand elle permet l’évolution de la situation présente.

Un bras cassé (et je viens d’en faire l’amer expérience sur mes deux plus jeunes, à quelques mois d’intervalles), en quoi ma culpabilité m’aide dans ce cas-là? Strictement à rien? Vais-je empêcher mes enfants de faire du toboggan, de jouer à loup glacé, ou à chat perché, parce qu’ils se sont cassés le bras avec ces jeux-là? Non.

Mais, quand la première (et dernière, et seule) fois, j’ai laissé mon bébé hurler dans son lit pour « lui apprendre à faire ses nuits », et que rongée par cette culpabilité (parce que là, oui, j’étais réellement coupable de quelque chose de grave), j’ai surmonté les menaces sociétales (« ton bébé va te marcher dessus. » ; « c’est un caprice, il va s’endormir de fatigue, si tu le prends, tu n’en finiras pas, etc… »), je suis allée le chercher, et je lui ai juré que je ne lui ferai plus jamais subir une pareille torture : alors là, OUI! La culpabilité est nécessaire. Nécessaire quand on peut corriger ses erreurs, voir ses faux-pas, et comprendre qu’on s’est trompé…

Il y a des choses contre lesquelles on ne peut rien faire… Alors pourquoi culpabiliser? Je n’ai pas décidé de l’arrivée de ma dernière, alors ce sentiment qui me ronge à l’égard de mon deuxième, me bouffe depuis trois ans. Et me bouffe doublement, car je n’aime pas me sentir coupable, à cause de ma princesse que j’aime tant. Mais, il est dur de passer au-dessus de la mauvaise culpabilité. Il n’y a rien à faire, rien à changer : j’ai donné tout ce que j’ai pu et je continue à donner tout ce que je peux à mes enfants… J’en veux parfois, à mon fils, de ne pas m’aider à dépasser ce sentiment blessant… Les remarques mesquines qu’il fait à sa soeur, les petits coups par-derrière, et sa bouderie continue… Dur caractère, pour mon bonhomme qui a cette place particulière. Et ce sentiment, souvent présent, de presque « abandonner » mon aîné, au profit des deux chamailleurs… Le rôle de mère est épuisant, épanouissant, mais fatiguant. Pas forcément parce qu’on ne dort pas la nuit, mais parce qu’on se fabrique des noeuds à dénouer, là où tout pourrait être lisse…

Tu culpabilises? Alors, ne t’en fais pas… Je te promets, tu es loin d’être la seule…

(Image trouvée sur le net, impossible de retrouver son auteur(e) – qui doit être une femme, à tout les coups-, si elle retrouve son image par chez moi, et que ça la gêne, je la retirerai sans soucis, sinon, je citerai, bien évidemment son nom  )

Toutes mes Amitiés

0wy3ddw0Mes yeux sont retombés sur ce vieux cahier oublié. Couverture jaune, à l’effigie de Doc Marten’s, une célèbre marque à l’époque où j’étais collégienne. A côté de ce cahier, encore plus ancien, un carnet, de couleur grise. J’ouvre délicatement le carnet, comme s’il allait tomber en poussière, et y relit les lignes enfantines que m’avaient laissés mes amies. « J’aime deux choses, toi et la rose, la rose pour un jour et toi pour toujours » Signé : Sandrine. Qui est Sandrine. Je fouille ma mémoire, mais impossible de mettre un visage sur ce nom. Qui est donc cette amie pour toujours dont je ne me souviens plus de l’existence? Je souris au fil des pages… Des petits mots dans le même style, qui s’enchaînent, des camarades de classe, des maîtresses, un poème de mon père…

J’ouvre ensuite ce cahier jaune. Année collège. Pas n’importe quel collège. Jacques Twinger alias « Le Hohberg ». Je me souviens de la réputation de ce collège quand nous sommes arrivées en banlieue strasbourgeoise. Et pourtant, quel collège. Quel parcours. Ça a été dur de se mettre à l’intérieur de cette ambiance où « être une tête, on te fait ta fête à la sortie »… Ou du moins, les menaces y étaient beaucoup plus présentes que les actes. Pourtant, je m’y suis faite des amies. Des amies jamais oubliées. Elles ont d’ailleurs écrit de longues pages dans ce cahier. De ce genre de personne que tu appelles « best friend » à l’âge de l’adolescence, de celles avec qui tu fais les quatre cent coups, tu découvres des choses, et avec qui tu achètes ton premier maquillage. Cet âge où tu veux être grande, mais tu te déguises en costume ridicule pour jouer encore comme une enfant. Cet âge où tu te poses mille questions avec elle, et papote jusqu’à 4h du mat’ à se demander comment serait le prince charmant, et si c’est vrai qu’il n’existe pas… Julie, cette amie. Pas la première, pas la dernière. Peut-être la plus importante à cet âge de la vie. Dépassée une amitié si forte, un amour incommensurable pour cette personne. Pour la considérer des années plus tard, comme une amie. Tout simplement. Parce que l’évolution fait que… Mais dans le coeur, une histoire a été gravée. Et il y a eu tant d’autres personnes importantes à cet âge de ma vie… Nohade, Aylin, Feray, Özlem… qui ont entre-ouvert une porte qui a guidé mes pas sur ma vie actuelle : comment les oublier, alors?

Et puis tu grandis, tu changes, tu ne restes pas la même, tu déménages, tu pars, tu rayes de ton carnet d’adresse, tu oublies presque… Et tu en fais d’autres, qui sont plus dans ton esprit du moment. Que tu rechangeras plus tard… Amitié éternelle? Sandrine, qui es-tu donc?

On dit que les vraies amies se comptent sur les doigts d’une seule main. Je dois faire partie de ces chanceuses qui ont des amies sincères. Aujourd’hui, j’ai certes du mal à les dénombrer. Et je ne voudrais citer personne, de peur d’oublier d’en citer, alors que toutes comptent pour mon coeur.

Toutes ces amies qui ont vraiment été là pour moi, dans mes périodes de doutes et de faiblesse. Des amitiés si fortes, plus forte que tout. Les rires ou les larmes, elles ont sû accompagner. Des amitiés sincères, si, je les connais. Celles d’aujourd’hui. Des amitiés que je considère plus comme des liens fraternels, tellement la symbiose est forte. Des personnes que j’ai pu ne jamais rencontrer en chair et en os, mais le virtuel a cette magie qui met la sincérité dans l’écrit… Des amitiés parties du virtuel, qui sont devenues plus fortes encore au contact du réel. Des amitiés croisées sur un banc, devant l’école… Juste parce qu’une force incroyable te pousse vers cette personne pour en faire ta soeur au point d’en être triste que de passer une journée sans lui parler.

Oui, ça existe, j’en suis sûre… Je n’ai peut-être pas assez de mains pour comptabiliser le nombre de mes amies… Mais ma sincérité envers elles toutes, je la ressens au plus profond de moi.

A vous toutes, depuis que je suis en couche-culotte à aujourd’hui, je vous aime… Si fort, si fort, si fort…

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Réparer une injustice

186366241Un acte banalisé, un « c’est pas grave », un « tant que le bébé va bien »… et la maman, alors? Que penser de cet handicap les premiers temps, où tu renies jusqu’à ta propre pudeur, obligée de te faire laver par une infirmière, alors que tu n’as pas 30 ans? Et cette douleur qui s’étend sur des jours? Et cette cicatrice, comme une plaie béante qui marque une injustice…

Scandalisée, quand tu entends des femmes, pas encore mères dire : « je préfèrerai avoir une césa », parce que la peur de l’accouchement, la peur au ventre…

Mais quand tu as en a eu une, tu ne penses pas une chose pareille… Une douleur lente et invasive, qui dure sur des jours, des semaines… T’empêchant de porter ton enfant comme tu le souhaites, te faisant souffrir quand tu t’assoies.

Je ne suis pas en train de te dire que toutes les césariennes sont des abus. Certaines, beaucoup, la plupart (j’ose espérer) sonnent comme des victoires, et tant mieux. Reste la façon dont c’est abordé, et c’est peut-être là, l’inacceptable…

Elle a eu une première césarienne, dans un pays où le bistouri est facile. Là-bas, une césarienne rapporte un revenu non-négligeable… Là-bas, on n’hésite pas à faire tourner les choses pour que la césarienne devienne la seule issue possible avec le fameux « c’est pour votre bien, ma brave dame. » (Et encore, ça, c’est dit gentiment…). Sauf que, une première césarienne, ça veut dire que tes choix sont limités par la suite… Là-bas, c’est sûr, tu repasses sur le billard direct… On ne tentera rien pour toi, tu peux être sûre. Alors, elle est venue ici. Parce qu’elle savait qu’ici, elle pourrait peut-être trouvé une équipe attentive, une oreille bienveillante qui entendrait son souhait de connaître les douleurs des contractions, les cris, le dos rond, la perte de contrôle, l’arrivée d’un bébé…

Mais voilà, même si l’équipe avait entendu son souhait, on ne force pas les choses… Un bébé en siège, une tête trop relevée, pas de version sur un utérus cicatriciel… trop vite, trop tard… Tenter la voie basse serait vraiment des risques. Là, ce n’est pas « pour son bien », mais juste pour la vie de son bébé. Sauf que… Sauf que si elle n’avait pas eu une première opération, l’attente aurait pu se faire, la version, l’acupuncture aussi… d’autres choses auraient pu être tentées. Avec les « si »… je sais, je connais la chanson. Personne ici ne regrette, tout le monde prend les choses comme elles viennent, pas de colère, juste une constatation.

Et pourtant, cette seconde césarienne a bousculé toutes mes idées. J’imaginais qu’un accouchement médicalisé manquerait d’émotions et de ressentis… J’ai tout voulu faire pour que cette naissance soit magique. Les larmes en prime. Tu ne peux pas assister au premier cri d’un bébé sans avoir les yeux qui piquent. Je l’ai vu sortir du ventre, littéralement. Je l’ai entendu crier. Je l’ai vu ouvrir un oeil. On l’a donné à sa mère, directement. Elle a pû l’embrasser, chose qui était impensable pour son premier. Une émotion comme rarement. Je ne m’en suis pas encore remise. L’odeur…

L’odeur qui m’entoure. Qui s’est ancré en moi, en faisant du peau-à-peau avec ce bébé qui attendait sa maman, car il était évidement impossible qu’il soit mis en couveuse… J’étais là, à bonne température. Toute petite crevette qui a posé ses mains contre moi, et qui sentait le bébé… Et une maman qui est revenue vers nous, avec un sourire fatigué, mais un sourire. Une fierté.

Ai-je réussi mon pari? Je n’en sais rien. Encore pleins de culpabilité pèse sur moi… Ce n’est pas ma faute, mais quand même… Un papa qui n’a pas pu être présent, une césarienne au final… Tout ça, pour ça…

Mais, c’est quoi « ça »?

Des gens formidables, des sage-femmes qui t’écoutent, qui t’expliquent, qui prennent le temps… Je n’en ai pas vu en Tunisie. Ici, elles ont tout fait pour respecter nos valeurs religieuses, pour nous expliquer, pour chercher à ce que cette naissance, soit une vraie naissance.

Bien sûr, l’hôpital a ses protocoles qui me font froids dans le dos, et qui font que je ne veux pas accoucher là-bas. L’idée de l’accueil du bébé, avec de la pesée sous les cris, des soins, des trucs… C’est tellement, inhumain pour moi.

Je voyais cette petite crevette, gesticulant sur la table, nue, tripatouillée dans tous les sens… et je n’ai pas pu m’empêcher de penser à ma fille : à peine sortie de mon ventre, elle tétait déjà mon sein, le cordon toujours relié au placenta que je n’avais pas encore expulsé. Rien ne s’était interposé… Rien, ni personne : ni lumière vive, ni mains étrangères, ni objets froids… et encore moins, liquides médicamenteux avant mon propre lait…

Je vis dans un monde à part… D’autres idées, d’autres priorités…

Ai-je réussi pour elles? Je le souhaite. Devant Dieu, mes intentions étaient sincères. J’ai changé d’idées sur l’accompagnement hospitalier… mais pas sur les protocoles…

Quel avenir pour nos enfants, si on commence la vie de cette façon?

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Donne ta main…

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Donne ta main, tu es mon destin. Donne ta main, tu es un peu à moi. Donne ta main, marche à mes côtés. Donne ta main, mets tes ailes. Grandis.

Donne ta main. Pose la dans la mienne, et vois, vois les différences. Mon fils, mon fils, ma fille. Tu n’es pas moi. Tu n’es pas à moi. Tu es mon destin. Tu es mon protégé. Tu es ma protégée. Quel est mon rôle…?

Donne ta main, petit être fragile, né d’amour, de lumière, d’espoir. Donne ta main pour grandir. Donne ta main pour t’affirmer. Donne ta main pour rire. Donne ta main pour pleurer.

Donne ta main. Pose la dans la mienne, et vois, vois les différences. Mon fils, mon fils, ma fille. Ta main n’est pas la mienne, les lignes ne se rejoignent pas. Je suis là pour toi, mais tu n’es pas à moi… et je ne suis pas à toi. Et nous sommes intrinsèquement liés. Et mon rôle est là…

Celui de marcher derrière toi, de te rattraper par la taille lorsque tu trébuches, de panser tes plaies, de couvrir tes joues de baisers.

De quoi vis-tu, petit être mystérieux. Si différent de moi, et pourtant tellement ressemblant. Quand je te vois, je me revois. J’ai des impressions d’années-lumières en arrières. Je me revois, et je te regarde… Quel sentiment étrange. Tu n’es pas moi, et je ne suis pas toi.

Donne ta main, pour qu’elle reste dans la mienne, le temps qu’il faudra pour que tu déploies tes ailes. Ma main toujours ouverte, quand tu auras besoin de la reposer, pour te sentir rassurée. Donne ta main… Un jour tu partiras. Un jour je partirai. Un jour, si loin… Ou si proche.

Et quand je vois le temps que j’ai parcouru pour t’avoir au creux de moi… Trop court ou trop long, le temps est trompeur, et tu es déjà là. Ta main dans ma main, à faire tes premiers pas. Ta main dans ma main à chercher le sommeil du soir. Ta main dans ma main pour se réchauffer le matin, sur le chemin de l’école.

Petite main… Empreinte de la vie, du temps qui passe. Comment n’ai-ja pas compris plus tôt? Tu n’es qu’un enfant… Tu es voué à grandir… Donne ta main, même quand tu t’envoles. Je la garderai contre mon coeur. Tu n’es pas à moi. Je ne suis pas à toi. Mais nous sommes liés à vie.

A toi, Abd Allah, à toi Elyess, à toi Meryem… Vous êtes arrivés dans notre foyer, et notre mission est de vous préserver. Que Dieu vous protège et vous comble de bonheur, mes trésors…

Illumination.

Comment j’en suis arrivée là? Les demandes sont multiples, et ceux qui les posent le font pour différentes raisons. Certaines personnes sont juste curieuses. D’autres, effarées. Pour d’autres encore, c’est chercher à me (nous) comprendre. Que raconter? Qu’expliquer?

Je pourrai raconter ma conversion en faits plats. Voilà, ça c’est passé comme ça, comme ça, comme ça. Point. C’est tout. Au revoir.

Je pourrai aussi faire une vidéo, comme il y en a des tonnes sur Youtube, même si elles font pleurer les gens qui ont la foi, les autres peuvent-ils réellement comprendre?

Qu’est-ce qui fait de nous, que nous venons, ou revenons vers notre religion. Et puis, pourquoi la lumière serait mise sur moi, d’abord? Sur moi, ou sur toutes les personnes qui sont nées si loin de cette religion et qui y (re)viennent? Pourquoi ne pas mettre les projecteurs sur les personnes qui sont nées en terre ou en famille « islamique », mais n’ont pas reçu d’éducation religieuse, et qui ont aujourd’hui le comportement de ce qu’on attend d’un musulman? Et finalement : tout ça revient au même. Que tu sois née à Paris ou à Alger. Que ton nom de famille soit « à consonance » ou « bien de chez nous »… Il n’y a pas d’explication à donner à ta (re)conversion.

Pourtant, les questions fusent… Les esprits s’entrechoquent. On ne comprend pas. On ne comprend pas cet « acharnement » à (re)devenir musulman.

Il y a un truc qu’on ne peut pas expliquer… Ça se passe au niveau de ta poitrine. Et c’est physique. C’est un truc que tu ressens à l’intérieur, mais qu’on ne peut pas expliquer. L’expression « ouvrir son coeur »… Pour moi, c’est une expression qui prend tout son sens quand j’ai découvert l’Islam. J’ai vraiment « ouvert » mon coeur à l’Islam. Ou bien est-ce mon coeur qui s’est ouvert à l’Islam? Je ne sais pas comment cela s’est produit, mais je l’ai senti à l’intérieur de moi. Il suffisait que l’on me parle d’Islam, de musulman, de ramadan, etc… pour que je ressente ce phénomène. J’avais 12 ans. Ne me demande pas  ce qui a provoqué cela. Je n’en sais rien. Ou plutôt si, je le sais… C’est Dieu. Mais, ne me demande pas de t’expliquer plus que cela si tu ne crois pas, je n’ai pas de vocabulaire assez large.

Quand quelque chose te procure du bien, humainement, tu te rapproches de ce qui te fait du bien et tu t’éloignes de ce qui te fait du mal. Réaction humaine universelle, je présume. J’ose espérer… Ou alors, des hommes auraient perdu la tête. Consciemment, tu cherches les endroits où tu te sens bien. L’inconscient, c’est un autre domaine… Mais, quand tu as faim : tu cherches de la nourriture pour ne plus sentir la faim. Quand tu as froid, tu mets un pull ou tu augmentes le chauffage. Quand ton coeur s’émerveille aux mots et aux sons, tu les écoutes encore.

Voilà, ce qui s’est vraiment passé pour moi. C’est d’abord ça. Et, cela me fait penser à un autre phénomène. Je le dis souvent à travers ce blog, j’ai une « âme instinctive ». Je suis mon coeur plus que ma raison, toujours. Je suis mon coeur, et ensuite je comprends pourquoi j’agis dans ce sens… Finalement, comme beaucoup de créatures terrestres… Enormément. Cette « foi » surprenante qui m’a faite « marcher » vers ce qui me rendait bien, cela me rappelle toutes ces espèces animales qui migrent vers ce qui leur convient le mieux…

Cet instinct qui ne me lâche pas. Oui, si je suis musulmane, c’est d’abord parce qu’instinctivement je m’y sens en sécurité.

Après, le reste suit son cours. Quand j’ai ouvert le Coran et que j’y ai découvert tellement de miracles scientifiques, je savais que mon coeur ne m’avait pas trahi, une fois de plus. Je n’étais pas « étonnée » de ce que j’y lisais, étant donné que j’étais convaincue bien avant de le connaitre, ce Livre Divin. Au fil des pages, les mots prenaient leur sens. Les histoires étaient compréhensibles, et les Signes plus que perceptibles. Pour moi. Et pour d’autres. Mais pas pour tous. Je repense souvent à Platon, et son histoire de caverne : de ces hommes aveugles, qui peu à peu, perçoivent les objets, et les choses…

J’ai eu la chance d’être parmi ceux et celles dont Dieu a levé le voile de leurs coeurs, pour les laisser s’emplir de cette illumination sans fin. De ce bonheur d’être musulmane. De ce plaisir infini d’être en sécurité. WalHamdoulilleh…

Comment expliquer autrement ma conversion à ma famille, à mes amies, à ceux qui ne comprennent pas… ??? Je ne sais pas. C’est trop fort pour être expliqué…

(Une énorme pensée à ma Ptite Rim…)

Et enfin, ils grandissent, et enfin, ils s’unissent…

DSCF9883Il y a moins de trois ans, elle naissait et la vie à la maison était chamboulée. Entre joie, bonheur et baby-blues. Baby-blues qui a duré sur des mois, je ne voulais pas me l’avouer. Une dépression post-partum qui cachait son nom, une maman au bord du burn-out qui ne se l’avouait pas. Et un sentiment de culpabilité qui ne me lâchait pas. Pourquoi j’avais fait ça à mon deuxième? Il était si petit, encore un bébé, un tout-petit bébé. Il n’avait pas deux ans à la naissance de sa soeur. La jalousie a été le plus dur à gérer. Parce que sa jalousie me renvoyait à « ma faute » qui n’était pas vraiment la mienne. Alors, je ne cessais de me justifier : « c’est un bébé surprise, elle n’était pas attendue si tôt ». Puis, je reculpabilisais parce que ce petit bout, je l’aimais déjà si fort. IMG_0382

J’étais paumée, perdue, je n’avais plus ma tête. Et puis, mon homme a eu une mission à l’étranger quelques semaines après la naissance de sa fille. Ça a été dur. Il partait quatre semaines, rentrait une semaine. Et rebelote. Je ne gérais plus rien du tout, et c’était un peu une descente douce. Des amies m’ont tendu leur main, m’ont souri. J’ai la chance d’avoir un cercle d’amies tirées d’un milieu où respect et communication sont les maîtres mots (je pense en particulier à Noura, qui a passé des heures à m’écouter me plaindre). J’ai eu la chance d’avoir une voisine (plus qu’une voisine) qui me choyait de petits plats et de bonnes intentions. J’ai eu la chance d’avoir ma maman qui me téléphonait et discutait avec moi. J’ai eu la chance de rencontrer Camélia, qui était mon rayon de soleil et m’aidait au ménage dans la maison.

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Photo du 20-04-13 à 17.16

A un moment, je pensais que cet état ne me lâcherait pas. Que je serai toujours au bord des nerfs, toujours nerveuse, que je ne saurai pas m’en tirer avec mes trois loupiots. Théoriquement, je savais que « tout finit par passer ». Mais je n’arrivais pas à l’imaginer.

IMG_0795Même la jalousie a fini par passer. Aujourd’hui, ils jouent ensemble. Elyess et Meryem sont même très complices. Abd Allah a ses amis à l’extérieur, mais quand il est à la maison, il raffole de leur lire des histoires. Et Il faut voir, tous les trois blottis les uns contre les autres, avec ce grand frère qui lit des histoires. La scène est apaisante. Je les observe doucement, en me disant que j’ai drôlement de la chance d’avoir des enfants qui s’entendent, El Hamdoulilleh. Il y a moins de trois ans, jamais je n’aurai imaginé qu’Elyess pourrait partager la même pièce que sa soeur sans la frapper.

Ils ont fait des efforts, et la vie est plus douce. Maintenant, tout est entre mes mains, c’est à moi de faire un effort et de ranger mes paquets de nerfs qui me suivent depuis des années… La culpabilité, elle, est toujours là…

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Abd Allah et Elyess, décembre 2009

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Abd Allah et Elyess, décembre 2011






 

 

 

 

 

Le mot de l’entourage?

On m’a prédit que ma fille ne me lâcherait pas, qu’elle ne marcherait jamais toute seule, qu’elle voudrait être tout le temps portée, tout le temps dans mon giron. On m’a juré que mon fils aîné ne dormirait jamais seul, se roulerait dans la boue si je ne l’en empêchais pas à 2 ans, nous mènerait par le bout du nez. On m’a affirmé que mon deuz’ serait capricieux, colérique, et qu’il ne ferait jamais rien tout seul.

Les gens sont dotés d’une boule de cristal, il faut croire. Et je devrais leur dire d’aller la faire réparer.

J’ai porté mes enfants jusque « très tard » selon la moyenne ici. Un nouveau-né porté, tout le monde s’extasie. Un bambin de deux ans et demi, et ce sont des réflexions à outrance. Ce que j’ai entendu le plus, c’était : « elle aura trop l’habitude d’être portée, elle ne voudra jamais marcher. » Et quand, à cette rentrée, je suis obligée de courir derrière elle, avant d’arriver à l’école, les nouvelles remarques sont : « oh, ça y est, elle marche? ah, c’est mieux pour ton dos, hein, elle était lourde, blablabla… » Alors, les yeux arrondis quand un matin, je la prends quand même dans le sling, parce qu’on est en retard, et pas réveillée, et en plus un peu malade… Oui, je porte ma fille de 32 mois, et alors?

On me parle d’habitudes. Je donne des habitudes à mes enfants. Mais je ne suis pas la seule. Les mamans m’appellent en me demandant : « Mais si j’allaite mon bébé la nuit, je ne risque pas de lui donner de mauvaises habitudes? »

Mais c’est quoi à la fin, ces histoires d’habitude? Parce que c’est une bonne habitude de casser les pieds des autres, parce qu’on agit pas comme le voudrait « la normale »??

Alors, si bien sûr, qu’on leur donne des habitudes à nos Loulous. Que tu les mettes dans une poussette jusque 4 ou 5 ans, ou que tu le portes en écharpe pendant des années. Et après? Pourquoi l’un serait acceptable et l’autre non? Oui, je leur ai donné l’habitude de s’endormir au sein, quand ils s’éveillaient au milieu de la nuit, ou pour les endormir le soir. Et après? Qui ça pouvait déranger, si ce n’est moi, et à la limite mon mari? Qui en aurait à se plaindre?

Non, parce que dans des cas comme ça, tout le monde s’y met… Ta famille, ta voisine, la cousine de ta belle-soeur, ton pédiatre… Ils savent tous, ils sont tous passés par là, le dressage de bébé, ils connaissent mieux que toi, ils ont forcément raison.  Et on se perd dans ce dédale de point de vue, dont on n’a pas besoin au final. Notre rôle de mère? Ah ah… Nourris ton mioche et change-lui la couche… ça suffit largement, tu ne sais pas y faire de toutes façons.

C’est comme pour accoucher : tu as bien accouché sur commande, non? Tu ne savais pas faire non plus… alors, pourquoi penser que tu sauras élever un enfant sans nos points de vue.

Ah, et la phrase qui revient sans cesse : « bah moi, j’ai fait comme ça, et ils sont pas morts, hein! »

Mais, les morts ne sont pas là pour le raconter. Et moi, je peux vous affirmer qu’il y en a eu malheureusement. Je peux vous raconter l’histoire de la grand-mère de mon mari, issue d’une famille très pauvre. Elle travaillait depuis l’âge de 7 ans comme « bonne », chez les riches familles sfaxiennes qui la surexploitaient. Quelques années plus tard, elle se mariait et eu des jumeaux. Mais elle continuait à travailler, et emmenait ses deux bébés avec elle. Seulement, la pression du travail était si forte une journée, qu’elle a laissé ses bébés pleurer… jusqu’à leur décès, sans qu’elle s’en aperçoive plus tôt…

Quand j’entends ou que je lis, aujourd’hui, qu’on recommande aux mamans de laisser leur bébé pleurer pour leur apprendre à faire leurs nuits, je suis dans un drôle d’état. Que l’on prétexte la fatigue de la mère, pour qu’elle cède à ce cauchemars, me rend hors de moi. Comment passer des nuits plus calmes avec un bébé capable de pleurer des heures? Comment ne pas s’inquiéter des lésions que cela peut provoquer dans son cerveau si fragile? Sommes-nous si ignorant pour ne pas savoir que les crises de ce genre empêche une bonne oxygénation du cerveau, et du reste?

Mais, il faut donner « de bonnes habitudes »… Genre. Pour beaucoup, les bonnes habitudes, ce n’est pas de dire « bonjour, merci, au revoir » à la boulangère… Les bonnes habitudes, c’est de transformer un bébé humain en poupée de chiffon. Avoir un bébé, mais surtout il ne faut pas embêter ses parents et se conformer au plus près de ce qu’ils attendent, et de ce qu’ils en veulent : un faire-valoir (« il fait ses nuits, il range sa chambre, il obéit à la lettre, il finit ses haricots verts sans rechigner. »

Leur inculquer des habitudes inhumaines, pour en faire… quoi, d’ailleurs?

Alors oui, je donne de « mauvaises » habitudes à mes enfants… Des habitudes d’enfant, pour qu’ils vivent leur vie d’enfants… Qu’ils pleurent, qu’ils crisent… Tant qu’ils s’expriment et qu’ils savent qu’ils peuvent le faire.

Ils sont sûrement pleins de « mauvaises habitudes », comme moi, quand je mange le chocolat en poudre à la petite cuillère. Mais au final, ça regarde qui?

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Peut mieux faire…

Cette quête perpétuelle de l’auto-satisfaction… Suis-je assez bien? Est-ce que je me conduis comme il faut? Comment les autres me voient-ils? Pourquoi elle ne me parle pas aujourd’hui??? J’ai dû dire quelque chose de mal…

Et avec mes enfants? Est-ce que je suis assez présente? Est-ce que je fais assez pour eux? Je partage leurs jeux? Leurs délires? Leurs fou-rires? Suis-je trop permissive? Trop autoritaire? Je crie de trop? Je ris de trop?

Et avec mon mari? Suis-je assez belle pour lui? Douce, aimable, respectueuse? Suis-je simplement à la hauteur pour lui, après tout ce qu’il me donne?

Et face à Dieu… Je me sens encore plus misérable, plus nulle, plus petite… Je ne me sens pas à la hauteur. Je peux mieux faire, je le sais…

Mais je relève ma tête, je fais ce que je peux. Même si la culpabilité m’enveloppe, tout le temps.

Face à mes amies : je n’arrive jamais à leur rendre tout ce qu’elles me font, le plaisir qu’elles me procurent en riant ou discutant avec elles. Je me sens nulle en amitié. Pas assez disponible. Trop préoccupée.

Je me sens nulle envers mes enfants, parce que je n’aime pas jouer avec eux… et que mon portable vrombit sous les SMS pendant une partie de Monopoly.

Je me sens nulle envers mon mari… et pourtant, il ne me fait aucun reproche.

Et envers Dieu, c’est encore pire. Je me sens ingrate. Parfois, je bâcle ma prière, pour finir ce que j’ai à faire, alors que je devrais prendre le temps de Le remercier pour tous Ses bienfaits.

Je suis humaine. Mais une humaine avec ce défaut en trop. J’ai l’impression de prendre, de prendre, de prendre… et de ne rien donner en échange… L’impression d’être une sangsue, agrippée aux gens qui me font du bien… Et ne pas être capable de rendre la pareil.

Alors, quand j’ai au bout du téléphone, des mamans que je ne connais pas, qui m’appellent pour déverser leur tristesse, je donne, je donne, je donne, sans rien reprendre en échange… Et ça me donne bonne conscience.

Pardon à mes amies, Hajer, Nadia, Sadia, et toutes les autres pour qui je ne sais pas être disponible. Pardon à mes enfants, mes prunelles, d’être présente en étant absente. Pardon à mon mari.

Ô mon Dieu pardonne-moi mon ingratitude à Ton égard, raffermis mon coeur et préserve ma foi…