Culpabilité
Depuis le temps que cette idée d’article trotte dans ma tête. Le mettre par écrit, est un peu comme une épreuve, un cri aussi… Ce besoin de culpabiliser, constamment…
Je me souviens…
Je me souviens, toute petite déjà, quel âge, 4 ans, peut-être? Devant ce pull vert que ma mère avait sorti de l’armoire… Et j’avais décrété que je ne le voulais pas, que j’aurai préféré porter le violet. Je me souviens également d’une discussion où finalement ma mère avait cédé à ce pull violet, qui n’allait pas du tout avec mon pantalon… Mais à cet âge, que veux-tu… Et je me souviens que ma mère m’avait répété que les deux couleurs ne s’accordaient vraiment pas ensemble, mais bon, ce n’est qu’une histoire de pull, après tout. J’avais gardé mon pull pour la journée. Et bien, crois-le ou pas… Je me souviens du sentiment de culpabilité qui m’a empli cette journée. Je me souviens même, qu’en rentrant le soir, j’avais dit à ma mère « j’ai envie de pleurer, mais je ne sais pas pourquoi », et je me souviens que déjà à cette époque, je savais pourquoi, mais que je ne voulais pas le dire. Alors, je m’étais mise devant le miroir, et je m’étais mise à pleurer. Pleurs libérateurs, coupable de n’avoir pas suivi le choix de ma mère.
Etrange souvenir. Quand on sait que ma mère est certainement la dernière personne à me faire
sentir que j’aurai pu être coupable de ne pas suivre ses choix… Non, je me souviens bien que c’est un sentiment que j’ai crée de moi-même, car je n’ai pas eu d’autres reproches par la suite.
Et ensuite, la culpabilité ne m’a pas lâché… Plus tard, je m’excusais sans cesse pour un rien… Et aujourd’hui encore, c’est un caractère qui est ancré en moi. Je m’excuse pour tout, même quand ce n’est pas à moi de le faire. Ma mère me disait souvent « mais arrête de t’excuser sans cesse, tu n’as rien fait! On dit « qui s’excuse, s’accuse », mais de quoi t’accuses-tu? »
La culpabilité, ce sentiment tellement présent, chez la plupart d’entre nous. Et quand tu accomplis ton rôle maternel, sentiment décuplé, exacerbé… Impossible de passer à côté.
Culpabilité constante, pour tout, tout ce que tu fais. Un rhume de bébé? C’est ma faute… Un cauchemars? C’est ma faute… Un bras cassé? N’en parlons pas… Une dispute au parc? Aïe aïe aïe… Le laisser manger des frites et des pâtes à chaque repas? Sacrilège. Culpabilité ne nous lâche pas.
J’essaye de m’en détacher, de l’envoyer loin, de la valser à l’autre bout du monde, de divorcer d’avec elle. Elle revient à la charge par d’autres portes…
Mais j’ai compris. Compris que la culpabilité n’est pas forcément mauvaise, n’est pas forcément une mauvaise alliée… Pas toujours.
Il y a des choses, pour lesquelles on culpabilisera, et à part des noeuds au cerveau et à l’intestin, ça ne nous apportera pas grand chose d’autres. Mais pour d’autres, cela nous fera grandir, évoluer, repenser notre façon d’éduquer. La culpabilité est bonne quand elle permet l’évolution de la situation présente.
Un bras cassé (et je viens d’en faire l’amer expérience sur mes deux plus jeunes, à quelques mois d’intervalles), en quoi ma culpabilité m’aide dans ce cas-là? Strictement à rien? Vais-je empêcher mes enfants de faire du toboggan, de jouer à loup glacé, ou à chat perché, parce qu’ils se sont cassés le bras avec ces jeux-là? Non.
Mais, quand la première (et dernière, et seule) fois, j’ai laissé mon bébé hurler dans son lit pour « lui apprendre à faire ses nuits », et que rongée par cette culpabilité (parce que là, oui, j’étais réellement coupable de quelque chose de grave), j’ai surmonté les menaces sociétales (« ton bébé va te marcher dessus. » ; « c’est un caprice, il va s’endormir de fatigue, si tu le prends, tu n’en finiras pas, etc… »), je suis allée le chercher, et je lui ai juré que je ne lui ferai plus jamais subir une pareille torture : alors là, OUI! La culpabilité est nécessaire. Nécessaire quand on peut corriger ses erreurs, voir ses faux-pas, et comprendre qu’on s’est trompé…
Il y a des choses contre lesquelles on ne peut rien faire… Alors pourquoi culpabiliser? Je n’ai pas décidé de l’arrivée de ma dernière, alors ce sentiment qui me ronge à l’égard de mon deuxième, me bouffe depuis trois ans. Et me bouffe doublement, car je n’aime pas me sentir coupable, à cause de ma princesse que j’aime tant. Mais, il est dur de passer au-dessus de la mauvaise culpabilité. Il n’y a rien à faire, rien à changer : j’ai donné tout ce que j’ai pu et je continue à donner tout ce que je peux à mes enfants… J’en veux parfois, à mon fils, de ne pas m’aider à dépasser ce sentiment blessant… Les remarques mesquines qu’il fait à sa soeur, les petits coups par-derrière, et sa bouderie continue… Dur caractère, pour mon bonhomme qui a cette place particulière. Et ce sentiment, souvent présent, de presque « abandonner » mon aîné, au profit des deux chamailleurs… Le rôle de mère est épuisant, épanouissant, mais fatiguant. Pas forcément parce qu’on ne dort pas la nuit, mais parce qu’on se fabrique des noeuds à dénouer, là où tout pourrait être lisse…
Tu culpabilises? Alors, ne t’en fais pas… Je te promets, tu es loin d’être la seule…
(Image trouvée sur le net, impossible de retrouver son auteur(e) – qui doit être une femme, à tout les coups-, si elle retrouve son image par chez moi, et que ça la gêne, je la retirerai sans soucis, sinon, je citerai, bien évidemment son nom )