Culpabilité

1959703_1415640365360068_108077486_n

Depuis le temps que cette idée d’article trotte dans ma tête. Le mettre par écrit, est un peu comme une épreuve, un cri aussi… Ce besoin de culpabiliser, constamment…

Je me souviens…

Je me souviens, toute petite déjà, quel âge, 4 ans, peut-être? Devant ce pull vert que ma mère avait sorti de l’armoire… Et j’avais décrété que je ne le voulais pas, que j’aurai préféré porter le violet. Je me souviens également d’une discussion où finalement ma mère avait cédé à ce pull violet, qui n’allait pas du tout avec mon pantalon… Mais à cet âge, que veux-tu… Et je me souviens que ma mère m’avait répété que les deux couleurs ne s’accordaient vraiment pas ensemble, mais bon, ce n’est qu’une histoire de pull, après tout. J’avais gardé mon pull pour la journée. Et bien, crois-le ou pas… Je me souviens du sentiment de culpabilité qui m’a empli cette journée. Je me souviens même, qu’en rentrant le soir, j’avais dit à ma mère « j’ai envie de pleurer, mais je ne sais pas pourquoi », et je me souviens que déjà à cette époque, je savais pourquoi, mais que je ne voulais pas le dire. Alors, je m’étais mise devant le miroir, et je m’étais mise à pleurer. Pleurs libérateurs, coupable de n’avoir pas suivi le choix de ma mère.

Etrange souvenir. Quand on sait que ma mère est certainement la dernière personne à me faire
sentir que j’aurai pu être coupable de ne pas suivre ses choix… Non, je me souviens bien que c’est un sentiment que j’ai crée de moi-même, car je n’ai pas eu d’autres reproches par la suite.

Et ensuite, la culpabilité ne m’a pas lâché… Plus tard, je m’excusais sans cesse pour un rien… Et aujourd’hui encore, c’est un caractère qui est ancré en moi. Je m’excuse pour tout, même quand ce n’est pas à moi de le faire. Ma mère me disait souvent « mais arrête de t’excuser sans cesse, tu n’as rien fait! On dit « qui s’excuse, s’accuse », mais de quoi t’accuses-tu? »

La culpabilité, ce sentiment tellement présent, chez la plupart d’entre nous. Et quand tu accomplis ton rôle maternel, sentiment décuplé, exacerbé… Impossible de passer à côté.

Culpabilité constante, pour tout, tout ce que tu fais. Un rhume de bébé? C’est ma faute… Un cauchemars? C’est ma faute… Un bras cassé? N’en parlons pas… Une dispute au parc? Aïe aïe aïe… Le laisser manger des frites et des pâtes à chaque repas? Sacrilège. Culpabilité ne nous lâche pas.

J’essaye de m’en détacher, de l’envoyer loin, de la valser à l’autre bout du monde, de divorcer d’avec elle. Elle revient à la charge par d’autres portes…

Mais j’ai compris. Compris que la culpabilité n’est pas forcément mauvaise, n’est pas forcément une mauvaise alliée… Pas toujours.

Il y a des choses, pour lesquelles on culpabilisera, et à part des noeuds au cerveau et à l’intestin, ça ne nous apportera pas grand chose d’autres. Mais pour d’autres, cela nous fera grandir, évoluer, repenser notre façon d’éduquer. La culpabilité est bonne quand elle permet l’évolution de la situation présente.

Un bras cassé (et je viens d’en faire l’amer expérience sur mes deux plus jeunes, à quelques mois d’intervalles), en quoi ma culpabilité m’aide dans ce cas-là? Strictement à rien? Vais-je empêcher mes enfants de faire du toboggan, de jouer à loup glacé, ou à chat perché, parce qu’ils se sont cassés le bras avec ces jeux-là? Non.

Mais, quand la première (et dernière, et seule) fois, j’ai laissé mon bébé hurler dans son lit pour « lui apprendre à faire ses nuits », et que rongée par cette culpabilité (parce que là, oui, j’étais réellement coupable de quelque chose de grave), j’ai surmonté les menaces sociétales (« ton bébé va te marcher dessus. » ; « c’est un caprice, il va s’endormir de fatigue, si tu le prends, tu n’en finiras pas, etc… »), je suis allée le chercher, et je lui ai juré que je ne lui ferai plus jamais subir une pareille torture : alors là, OUI! La culpabilité est nécessaire. Nécessaire quand on peut corriger ses erreurs, voir ses faux-pas, et comprendre qu’on s’est trompé…

Il y a des choses contre lesquelles on ne peut rien faire… Alors pourquoi culpabiliser? Je n’ai pas décidé de l’arrivée de ma dernière, alors ce sentiment qui me ronge à l’égard de mon deuxième, me bouffe depuis trois ans. Et me bouffe doublement, car je n’aime pas me sentir coupable, à cause de ma princesse que j’aime tant. Mais, il est dur de passer au-dessus de la mauvaise culpabilité. Il n’y a rien à faire, rien à changer : j’ai donné tout ce que j’ai pu et je continue à donner tout ce que je peux à mes enfants… J’en veux parfois, à mon fils, de ne pas m’aider à dépasser ce sentiment blessant… Les remarques mesquines qu’il fait à sa soeur, les petits coups par-derrière, et sa bouderie continue… Dur caractère, pour mon bonhomme qui a cette place particulière. Et ce sentiment, souvent présent, de presque « abandonner » mon aîné, au profit des deux chamailleurs… Le rôle de mère est épuisant, épanouissant, mais fatiguant. Pas forcément parce qu’on ne dort pas la nuit, mais parce qu’on se fabrique des noeuds à dénouer, là où tout pourrait être lisse…

Tu culpabilises? Alors, ne t’en fais pas… Je te promets, tu es loin d’être la seule…

(Image trouvée sur le net, impossible de retrouver son auteur(e) – qui doit être une femme, à tout les coups-, si elle retrouve son image par chez moi, et que ça la gêne, je la retirerai sans soucis, sinon, je citerai, bien évidemment son nom  )

Lettre ouverte à Mme Belghoul

romain-rolland.15469-intelligence-oeuvre-achever-intuitionMadame,

Je me suis demandée comment commencer cette lettre. T’écrire « Chère Madame »? Mais, je ne suis pas sûre que tu me sois vraiment chère… « Bonjour »? Cela sonne faux, les jours ne sont pas tous bons… Madame, fera l’affaire, tu ne trouves pas?

Je suis une mère de famille, les personnes qui lisent ce blog me connaissent bien à présent. Je suis une mère de famille, au foyer, ça en rajoute une couche. Je suis une mère de famille, au foyer, qui a pris son rôle maternel très au sérieux, et qui estime que le plus important dans l’éducation de ses enfants, ce sont les souvenirs de leurs enfances qu’ils garderont. Alors, je m’y emploie, comme je peux, à faire en sorte qu’ils soient les plus merveilleux possibles.

Comme une femme « de tête », tu as pu, Farida, employer des mots qui m’ont d’abord touché en plein coeur et ont anéanti mon cerveau. Comme ce que tu as fait avec des milliers d’autres parents. C’est facile, le parent est l’être le plus vulnérable quand tu touches à ses enfants. Ton travail ne fut pas difficile. Mais jusqu’où iras-tu dans la manipulation? Il n’y a pas si longtemps, je publiais un article sur ce sujet.

Ton buzz médiatique n’a pas duré. On a parlé de toi quelques semaines, après les fameuses JRE de Janvier, auxquelles j’ai participé (sans regret, d’ailleurs), et puis, tu es tombée dans l’oubli. Ça fait mal, hein? Excuse-moi, je n’ai plus de sparadrap… Ah, mais tu avais prévu ton coup… Pour ne pas trop te faire oublier, tu avais décidé de continuer ton action, tous les mois de l’année scolaire. Je n’ai pas suivi en février, parce que pour moi, je trouvais qu’il n’y avait plus de raison de le faire : je m’étais exprimée en janvier, c’est bon. J’ai d’autres projets, et je déteste les guerres, je ne suis pas sur Terre pour battre, mais pour aimer, et pour faire aimer.

Ton combat dans lequel tu entraînes tes troupes, commence à prendre une tournure qui sent mauvais. Ainsi, j’ai pris la décision de me retirer de toute cette agitation, me concentrant VRAIMENT sur mes enfants (et pas seulement sur des mails listés, n’est-ce-pas?). Et là, j’ai croulé sous les mails de reproches, voire d’insultes de la part de personnes te louant. Quel est mon crime? Préférer ma vie de famille réelle, et non rêvée par écran interposé? De quel combat parles-tu? Vaincre ou mourir… Mais vaincre quoi??

Ah, pardon, j’oubliais la théorie du genre. Alors, que l’on soit bien clair, Farida… Tu as assez le profil de Bush, à rameuter tes troupes : « Ceux qui ne sont pas avec nous, sont contre nous ». Crois-le, si ça te fait du bien… J’ai conscience de ce qui se trame, sauf que je le mesure à sa juste valeur. Je n’agite pas de mauvais démons devant les yeux d’autres parents, pour arriver à des fins qui semblent se dessiner pour toi. Je crois fermement que le pouvoir en place n’est pas apte à nous diriger, mais quel pouvoir l’est aujourd’hui? En France, en tout cas, aucun… Sans être pessimiste, je vis très bien en me disant que peu importe qui est au pouvoir : gauche, droite, extrême-droite, ce ne sont que des marioles… Je vis très bien, car ça n’a pas d’importance… Je suis un peu comme cet oiseau, qui se déplace là où il se sent bien. Le jour où je n’irai pas bien, je partirai, sans regret… Je suis peut-être un oiseau très facile d’adaptation, va savoir.

D’autres personnes sont sur cette Terre pour se « battre » à tout prix. Quitte à mentir éhonteusement, sans scrupule aucun… Inventant des histoires immondes afin de faire gonfler ses troupes. Et ça marche.

Ça marche, Madame Belghoul, comme marche l’islamophobie constante… On lance une rumeur qui prend de l’ampleur, peu importe la « grosseur » du mensonge… Le public est chaud bouillant, tu as touché à ses enfants…, et la mayonnaise prend… Comme les sorciers qui aveuglent tes yeux et ton esprit, tu ne parles qu’au coeur de l’homme… Or, son coeur est facile à atteindre, quand l’esprit est endormi.

Comme ces êtres malfaisants qui rassemblent des mercenaires pour « crever tous ces bâtards », des mots si souvent lus sur la toile, partout. On proclame la peine de mort à chaque coin du net, pour n’importe qui. On fantasme de brûler au bûcher, sans chercher à raisonner… On parle à des coeurs qui sont devenus malades, parce qu’ils ne savent plus réfléchir. On nous a berné.

Endormis, voilà ce que tu veux de nous… Nous endormir, semer la haine…

Mais dans mon esprit, j’ai encore du mal à comprendre que certaines personnes sont sur Terre, dans cet unique but. Alors que le dialogue est à porté de main?

Farida, pourquoi ne redonnes-tu pas l’intelligence à ceux qui te suivent? L’intelligence de les laisser réfléchir par soi-même? L’intelligence de leur laisser mener leur propre action? Le troupeau de mouton, a-t’il toujours besoin d’un loup pour les mener à l’abattoir?

Farida, ce n’est pas sain ce que tu fais. Et Dieu connait mieux les intentions, et les coeurs…

Manipulable

manipulateur-pervers-narcissique-reconnaitreMes yeux s’ouvrent sur ce que mon coeur m’a toujours hurlé. Envie de fuir, envie de courir, mais pour aller où? Partout, la même rengaine… Le pouvoir nocif des mots, utilisés à mauvais escient, dans un but précis. Autour de moi, on parle de communication… Communication bienveillante… Oui, je veux bien, moi être bienveillante. Dans un monde malveillant…???

Je sors de chez moi, je suis agressée visuellement par les pubs placardées qui me font croire que je suis malheureuse si je ne deviens pas propriétaire à crédit, que je suis moche si je ne porte pas de la lingerie Aubade, que je sens mauvais si je ne me parfume pas en Guerlain, que je suis idiote si je n’ai pas le forfait internet illimité, et qu’en plus je bouffe mal si je ne vais pas chez McDo.

Mes pas me transportent plus loin, et là aussi, je suis une imbécile de ne pas voter, je suis une esclave de porter ma fille dans les bras, je suis une laxiste de passer plus de 3 secondes pour dire au revoir à mon fils à l’entrée de l’école…

Et ça ne s’arrête pas là… Tu es assaillie partout de bien-pensants qui te parlent « pour ton bien », qui entrent dans ta tête, et pourrissent ton coeur… Qui font émerger le doute à l’intérieur de toi. Manipulation, partout, autour de moi… Formatage, bidonage… Et quand on ose dire stop à tout ça, on se moque de nous. On nous enseigne, on nous martèle depuis notre plus tendre enfance, des choses qui deviennent logiques au fil du temps… Alors qu’elles nous sont nocives. On nous ment. On fait passer par l’école des informations qui nous tuent… Et c’est ainsi, qu’en devenant adultes, on continue à faire vacciner nos enfants, on continue de propager des idées que l’on nous a enseigné quand on était petit, sans trop réfléchir. Parce que c’est normal. Tu dois manger 5 fruits et légumes par jour, et boire du lait pour être en bonne santé. On te l’a dit quand tu étais petit. On te donne n’importe quoi dans ton assiette, on t’a appris à faire confiance à ce que dit la publicité…

Même si tes dents ne sont jamais devenues aussi blanches que la nana qui les a peintes pour tourner la pub pour Colgate. Tu achètes des produits amincissants, parce qu’on te fait croire que ton modèle, c’est les filles sur papier glacé. Tu te tues en régime, parce qu’on a dit que l’idéal masculin c’était ça. Et tu ne vis plus que pour les autres. On te fait croire que les choses ont plus de valeurs que les êtres, et tu insultes le mendiant. On t’a fait croire, à l’école, que tout le monde avait ses chances de réussites… Et tu répètes ces propos à tes enfants. Tu restes ancrée dans un idéal qui est faux. Tu ne veux pas en sortir. Tu n’as pas eu dans ta classe, l’élève qui était le bouc émissaire du prof? Si, comme tout le monde… Mais de quel côté étais-tu? Du prof manipulateur, qui sait qu’il a toujours raison même quand il a tort?

Pourquoi j’ai toujours été contre tout le monde? Pourquoi je voulais toujours marcher à contre-courant? Pourquoi je cherchais toujours à contredire quand on m’imposait une vérité qui ne me convenait pas?

J’ai toujours été du « mauvais » côté, de celui qui faisait défaut… Alors, comment ai-je pu laisser une seule personne piétiner mon coeur, l’écraser, et le modeler comme elle le veut. Le réveil a été fait, mais la révolte a mis du temps à ce mettre en marche… Je suis plus formatée que ce que je pensais… Mais je reste moi, elle ne m’aura pas.

Comme une image…

Moise Kisling "Le petit garçon", 1918. Sourcing image : carte de la Fondation de l'Hermitage à Lausanne (collection Vert et Plume)

Moise Kisling « Le petit garçon », 1918. Sourcing image : carte de la Fondation de l’Hermitage à Lausanne (collection Vert et Plume)

Même encore niché au creux de toi, on te le fait passer pour un monstre… « Ah oé, c’est dur, les nausées, les coups dans le ventre, les envies de faire pipi… » Et toi, tu acquiesces. Oui, bah oui… C’est très « in » de dire que la grossesse c’est que du mal… Ok, toutes les grossesses ne sont pas idylliques, ce n’est pas ce que je veux dire. Certaines sont mêmes carrément dur à vivre. Et même les simples nausées, on s’en passerait volontiers, je connais.

Mais, ce qu’on aime à te faire croire, c’est que c’est celui qui est caché dans ton bidon qui en est la cause. Déjà. Et puis, on te répète : « profite ». Genre, une menace. Ce n’est pas « profite de ta grossesse, de jouer les princesses capricieuses, celle au centre des intérêts. » Non, c’est : « profite, t’es encore tranquille quelques temps, après, ça sera fini. »

Sympa, l’avant-propos.

Oui, parce que ce que tu ne sais que trop bien, c’est cette phrase avec laquelle on te rabâchait les oreilles quand tu n’avais même pas encore atteint ta puberté : « De mon temps, ils étaient sages, les enfants! »

SAGE. Saint Grââl. Un enfant… sage. Oxymore. Et heureusement.

Quand j’entends (ou quand je m’entends, d’ailleurs, parce que je ne suis pas parfaite, et qu’il m’arrive de le dire aussi) une maman qui dit : « il faut être sage les enfants! » ou « soyez sages! », je me demande si on a la même définition de la sagesse pour tous. Non, parce qu’en fait, chacun entendra autre chose à être sage.

A voir les miens, sauter sur le canapé en chantant les UmiZoomi, à tue-tête quand la coiffeuse est là… (oui, à domicile) c’est être sage. Pour moi, c’est être désopilant. Désopilants, mais rigolos. Désopilants, mais pas déroutants. Désopilants, mais des enfants.

J’oubliais. Aujourd’hui, on n’a plus droit à l’enfance. On n’a plus droit à la fusion. On n’a plus droit à la proximité. On n’a plus droit de s’amuser. On n’a plus droit à l’innocence. Aujourd’hui, tu accouches, et on te le dit de suite : « laisse-le pleurer, il faut qu’il s’habitue. » ou « donne-lui une tétine, un doudou, il faut se détacher ». Le cordon vient tout juste d’être coupé. On occulte les neuf mois partagés. On fait chambre à part. On se sépare. De toutes façons, dans trois mois, on reprend chacun son chemin vers le boulot, la nounou. Et même si les tripes sont broyées des deux côtés, même si l’adulte retient ses larmes, parce que cette violence insidieuse est insupportable… On voudrait qu’il en soit de même pour le bébé. Soit fort mon fils, ne pleure pas, faut t’habituer, on ne vit pas chez les Bisounours.

« Huit mois, toujours allaitée? Eh quoi, c’est malsain! Faut la détacher! Tu imagines les valeurs que tu lui inculques?? » Oui, j’oubliais… la tendresse, l’amour et le lait maternels entraînent la perversion, le mal… « Trop collée à toi, trop dépendante. » Désolée, j’ai pas fait des gosses pour qu’ils passent leur bac à 5 ans et qu’ils quittent la maison à 7 ans.

Entendues devant l’école, après deux semaines de vacances d’hiver : « Ah put***!  Ça fait du bien de remettre les chieurs à leur place à l’école… Ouf! Devrait pas y avoir de vacances… ça nous reposerait. »  Oui, l’école est fait pour soulager les parents, pas pour leur apprendre à lire ou à compter. Ça, c’est en option. Je ne nie pas que la maison est plus facilement rangée, et calme quand ils sont sur les bancs de l’école. Mais ce n’est pas pour cette raison qu’ils y sont.

Et encore des expériences pleins les tripes, qui me remuent, qui me tuent. Des fêtes d’adultes qui n’en finissent plus, où les gamins s’énervent car rien n’est prévu pour eux… Rien. Sauf des adultes gueulant sur eux, parce qu’ils ne sont pas sages. Pas sages. Dix gamins, de 2 à 8 ans, sans aucun jouets, la télé inaccessible, sans avoir de quoi dessiner, dans une pièce de 9 mètres carrés, et ce pendant plusieurs heures. Pas sages, ils sont menacés d’être privés de bonbons. Pas sages, intenables. Oui. Forcément. Ce sont des enfants.

J’ai tenté de dédramatiser. J’ai tenté de les occuper comme je pouvais. Mais, non. Les « bien-pensants » sont toujours là, à surveiller comment tu t’y prends et à te descendre, toi et tes idées àlakhôn sur l’éducation. « Pffffff, aucune limite. La faute aux parents. Les gamins sont intenables, mal élevés »

Et quand tu apprends que ce sont des personnes qui n’ont pas d’enfants… Alors, juste… Tu exploses de rire. Je leur souhaite bien du courage, quand ils en auront… Et je plains d’avance ces enfants …

Sage? Parce qu’une voisine aigrie du dessous ne supporte pas le bruit de deux jeunes frères en train de s’amuser… Jusqu’à faire culpabiliser leur mère… Si seulement cette voisine comprenait le tort qu’elle causait sur la vie enfantine de ces deux petits… Mais non. Les enfants ont à se comporter comme des adultes. Pas de bruit, pas de course à cheval sur le dos de l’aspirateur, pas d’attaque de châteaux-fort du haut de la table du salon, pas de rire… et surtout, surtout, pas de pleurs. Ça tue les tympans.

Sage. Dans une maison sans jouets, parce que ça met trop de bazar. Les jouets, c’est chez la grand-mère. Pas ici. Maison tip-top, nickel chrome. Pourquoi? Pour vivre dans un palais de glace. Que restera-t’il de cette propreté? Les jouets, c’est chez la grand-mère, tous. Et les enfants aussi, la plupart du temps… Parce que la tenue de la maison n’est pas compatible avec les enfants. Quand les enfants sont à la maison, ils n’ont qu’à être sage. Heureusement qu’ils ont leur grand-mère…

Sage. A deux mois. Parce qu’il fait ses nuits. Il ne pleure pas. Ne réclame pas. Ne fatigue pas trop sa maman. Qu’est-ce-qu’il est sage… Et on s’aperçoit qu’il perd du poids. Toute la famille s’extasiait devant ce bébé tellement sage. Les voisines, les amies fantasmaient sur ce bébé. Et pourtant, la sagesse n’est pas synonyme de bonne santé.

Mes enfants ne sont pas sages, el hamdoulilleh. Ils vivent. Ils sont enfants. Ils profitent de leurs années de jeunesse qu’ils n’auront plus jamais. Les images, c’est tout juste bon pour les bouquins…

« Suis mon conseil, tu vas réussir… »

« Si tu veux un conseil… » , « Alors moi je te conseille… » , « Voici un conseil…. » Avec tout ça, vous ne pouvez QUE réussir. Si vous échouez, c’est que vous êtes vraiment pas doués!

La toile regorge de conseils… Tu ne trouves que ça. Des donneurs et donneuses de leçons. De ces gens qui ont tout compris de la vie et qui l’étale au grand jour. « Faites comme ci, ne faites SURTOUT pas comme ça!! » Je t’avoue que ça me file des boutons.

Alors, est-ce mon esprit rebelle? Mais moi, quand on me donne un conseil (que je n’ai même demandé, en plus!!), ma première envie est de faire tout le contraire… Par exemple, je tombe sur une discussion de forum où ça discute nuit de bébé, et là, tu as LA maman qui réussit toujours tout, qui vient avec ses gros sabots conseils : « Alors, tu vois, moi je te conseille de le laisser pleurer, parce qu’après il va s’habituer… » puis, elle te cite des références, hein (faut TOUJOURS appuyer ses dires pour plus de crédibilité) : « … d’ailleurs le pédiatre connu l’a bien expliqué, le bébé se détache de sa mère, blablablabla… »

Hum.

Quand c’est sur un forum, encore… Parce que bien souvent la première maman pose sa question comme suit : « Je cherche des conseils et des témoignages sur… » Je suppose qu’elle s’attend donc à ce genre de réponse « il faut faire ci, il faut faire ça ». Mais quand c’est juste une maman qui vient poster un message pour vider sa rage/douleur/fatigue… Je ne crois pas qu’elle soit réceptive à ce genre de conseils…

Oh, oui, il y a un bon fond. Comme toujours. Mais par moment, je me demande si on réfléchit à ce que l’on écrit. Et pas seulement sur les forums. T’as des blogs entiers dédiés aux conseils, ponctués de points d’exclamation, histoire d’asséner plus fortement tes principes… Et je t’avoue que ça fait plutôt froid dans le dos. Peu importe les conseils donnés, c’est la façon dont c’est présenté : des vérités inébranlables… C’est comme ça qu’il faut faire et pas autrement.

« Conseil » : ce mot me fait frémir… Je l’ai en horreur. Je tente de l’utiliser le moins possible… Quand une maman me téléphone, ou une amie vient me questionner en me disant : « tu pourrais me conseiller? », j’en ai des frissons… Je n’ai pas de conseils, pour personne. Je peux éventuellement te donner des pistes qui ont fonctionné pour moi ou d’autres mamans, mais qui ne fonctionneront pas forcément pour toi… et ce sont des pistes qui sont modulables à l’infini, bien sûr.

Mais, c’est assez déroutant, n’est-ce-pas? Dans cette société où nous sommes habitués à ce que tout nous soit dicté, ligné, numéroté… tout est robotisé.

Prenons un exemple courant : les nuits. Ça me fait toujours rire de lire ce genre de choses : « un bébé doit avoir un rituel, il a besoin de règle! Lisez lui une histoire et n’oubliez surtout pas la veilleuse! s’il pleure, laissez le quelques minutes et allez le voir. Mais ne le prenez surtout pas dans les bras! » … Ne me dis pas que tu n’as jamais lu ce genre de phrases? Elles te font quel effet toi? Moi, elles me donnent des frissons. Mais celles-ci aussi : « pour être sûr de dormir, dormez avec votre bébé! Ne le laissez surtout pas pleurer! Donnez lui le sein dès qu’il le réclame! » Oui, ces conseils-là également me filent des boutons.

Je te parle là de la façon dont tu t’exprimes… Pourquoi affirmer que ta vérité est la seule à être infaillible? Tu as trouvé la méthode imparable, et gentil(le) comme tu es, tu dispenses la bonne parole à qui veut (ou pas) l’entendre?

Je me demande comment se faire accepter avec ce genre de comportement… Comment imaginer que l’on est pris au sérieux, sans se retrouver face à quelques réticents qui vont nous poignarder en réponse? Et c’est ainsi que les conflits virtuels interminables, commencent.

Les conseils d’aujourd’hui sont biaisés… Dolto a, selon moi, la véritable définition du conseil :

1011668_707763722589767_603609872_n

« Tu me demandes un conseil; je te le donne, mais surtout ne le suis que si toi tu le désires, parce que ce conseil n’a de valeur que d’échange parlé; c’est la réaction de quelqu’un d’une autre génération à ce qui te questionne. Tu avais besoin de parler de ton questionnement,et que je te réponde, mais ne prends pas ce que je te dis comme une vérité, c’est seulement une opinion. Puisque les humains ont besoin de communication, je te dis ce que tes questions ont suscité de réflexion en moi, mais surtout, ne suis pas ce conseil; demande à beaucoup d’autres personnes et, grâce à cela, tu élaboreras de toi-même la réponse à ton questionnement. »

A méditer, donc… Et à chaque fois que l’on reçoit un conseil (demandé ou non, d’ailleurs), le garder en mémoire.

Donne ta main…

main

Donne ta main, tu es mon destin. Donne ta main, tu es un peu à moi. Donne ta main, marche à mes côtés. Donne ta main, mets tes ailes. Grandis.

Donne ta main. Pose la dans la mienne, et vois, vois les différences. Mon fils, mon fils, ma fille. Tu n’es pas moi. Tu n’es pas à moi. Tu es mon destin. Tu es mon protégé. Tu es ma protégée. Quel est mon rôle…?

Donne ta main, petit être fragile, né d’amour, de lumière, d’espoir. Donne ta main pour grandir. Donne ta main pour t’affirmer. Donne ta main pour rire. Donne ta main pour pleurer.

Donne ta main. Pose la dans la mienne, et vois, vois les différences. Mon fils, mon fils, ma fille. Ta main n’est pas la mienne, les lignes ne se rejoignent pas. Je suis là pour toi, mais tu n’es pas à moi… et je ne suis pas à toi. Et nous sommes intrinsèquement liés. Et mon rôle est là…

Celui de marcher derrière toi, de te rattraper par la taille lorsque tu trébuches, de panser tes plaies, de couvrir tes joues de baisers.

De quoi vis-tu, petit être mystérieux. Si différent de moi, et pourtant tellement ressemblant. Quand je te vois, je me revois. J’ai des impressions d’années-lumières en arrières. Je me revois, et je te regarde… Quel sentiment étrange. Tu n’es pas moi, et je ne suis pas toi.

Donne ta main, pour qu’elle reste dans la mienne, le temps qu’il faudra pour que tu déploies tes ailes. Ma main toujours ouverte, quand tu auras besoin de la reposer, pour te sentir rassurée. Donne ta main… Un jour tu partiras. Un jour je partirai. Un jour, si loin… Ou si proche.

Et quand je vois le temps que j’ai parcouru pour t’avoir au creux de moi… Trop court ou trop long, le temps est trompeur, et tu es déjà là. Ta main dans ma main, à faire tes premiers pas. Ta main dans ma main à chercher le sommeil du soir. Ta main dans ma main pour se réchauffer le matin, sur le chemin de l’école.

Petite main… Empreinte de la vie, du temps qui passe. Comment n’ai-ja pas compris plus tôt? Tu n’es qu’un enfant… Tu es voué à grandir… Donne ta main, même quand tu t’envoles. Je la garderai contre mon coeur. Tu n’es pas à moi. Je ne suis pas à toi. Mais nous sommes liés à vie.

A toi, Abd Allah, à toi Elyess, à toi Meryem… Vous êtes arrivés dans notre foyer, et notre mission est de vous préserver. Que Dieu vous protège et vous comble de bonheur, mes trésors…

Illumination.

Comment j’en suis arrivée là? Les demandes sont multiples, et ceux qui les posent le font pour différentes raisons. Certaines personnes sont juste curieuses. D’autres, effarées. Pour d’autres encore, c’est chercher à me (nous) comprendre. Que raconter? Qu’expliquer?

Je pourrai raconter ma conversion en faits plats. Voilà, ça c’est passé comme ça, comme ça, comme ça. Point. C’est tout. Au revoir.

Je pourrai aussi faire une vidéo, comme il y en a des tonnes sur Youtube, même si elles font pleurer les gens qui ont la foi, les autres peuvent-ils réellement comprendre?

Qu’est-ce qui fait de nous, que nous venons, ou revenons vers notre religion. Et puis, pourquoi la lumière serait mise sur moi, d’abord? Sur moi, ou sur toutes les personnes qui sont nées si loin de cette religion et qui y (re)viennent? Pourquoi ne pas mettre les projecteurs sur les personnes qui sont nées en terre ou en famille « islamique », mais n’ont pas reçu d’éducation religieuse, et qui ont aujourd’hui le comportement de ce qu’on attend d’un musulman? Et finalement : tout ça revient au même. Que tu sois née à Paris ou à Alger. Que ton nom de famille soit « à consonance » ou « bien de chez nous »… Il n’y a pas d’explication à donner à ta (re)conversion.

Pourtant, les questions fusent… Les esprits s’entrechoquent. On ne comprend pas. On ne comprend pas cet « acharnement » à (re)devenir musulman.

Il y a un truc qu’on ne peut pas expliquer… Ça se passe au niveau de ta poitrine. Et c’est physique. C’est un truc que tu ressens à l’intérieur, mais qu’on ne peut pas expliquer. L’expression « ouvrir son coeur »… Pour moi, c’est une expression qui prend tout son sens quand j’ai découvert l’Islam. J’ai vraiment « ouvert » mon coeur à l’Islam. Ou bien est-ce mon coeur qui s’est ouvert à l’Islam? Je ne sais pas comment cela s’est produit, mais je l’ai senti à l’intérieur de moi. Il suffisait que l’on me parle d’Islam, de musulman, de ramadan, etc… pour que je ressente ce phénomène. J’avais 12 ans. Ne me demande pas  ce qui a provoqué cela. Je n’en sais rien. Ou plutôt si, je le sais… C’est Dieu. Mais, ne me demande pas de t’expliquer plus que cela si tu ne crois pas, je n’ai pas de vocabulaire assez large.

Quand quelque chose te procure du bien, humainement, tu te rapproches de ce qui te fait du bien et tu t’éloignes de ce qui te fait du mal. Réaction humaine universelle, je présume. J’ose espérer… Ou alors, des hommes auraient perdu la tête. Consciemment, tu cherches les endroits où tu te sens bien. L’inconscient, c’est un autre domaine… Mais, quand tu as faim : tu cherches de la nourriture pour ne plus sentir la faim. Quand tu as froid, tu mets un pull ou tu augmentes le chauffage. Quand ton coeur s’émerveille aux mots et aux sons, tu les écoutes encore.

Voilà, ce qui s’est vraiment passé pour moi. C’est d’abord ça. Et, cela me fait penser à un autre phénomène. Je le dis souvent à travers ce blog, j’ai une « âme instinctive ». Je suis mon coeur plus que ma raison, toujours. Je suis mon coeur, et ensuite je comprends pourquoi j’agis dans ce sens… Finalement, comme beaucoup de créatures terrestres… Enormément. Cette « foi » surprenante qui m’a faite « marcher » vers ce qui me rendait bien, cela me rappelle toutes ces espèces animales qui migrent vers ce qui leur convient le mieux…

Cet instinct qui ne me lâche pas. Oui, si je suis musulmane, c’est d’abord parce qu’instinctivement je m’y sens en sécurité.

Après, le reste suit son cours. Quand j’ai ouvert le Coran et que j’y ai découvert tellement de miracles scientifiques, je savais que mon coeur ne m’avait pas trahi, une fois de plus. Je n’étais pas « étonnée » de ce que j’y lisais, étant donné que j’étais convaincue bien avant de le connaitre, ce Livre Divin. Au fil des pages, les mots prenaient leur sens. Les histoires étaient compréhensibles, et les Signes plus que perceptibles. Pour moi. Et pour d’autres. Mais pas pour tous. Je repense souvent à Platon, et son histoire de caverne : de ces hommes aveugles, qui peu à peu, perçoivent les objets, et les choses…

J’ai eu la chance d’être parmi ceux et celles dont Dieu a levé le voile de leurs coeurs, pour les laisser s’emplir de cette illumination sans fin. De ce bonheur d’être musulmane. De ce plaisir infini d’être en sécurité. WalHamdoulilleh…

Comment expliquer autrement ma conversion à ma famille, à mes amies, à ceux qui ne comprennent pas… ??? Je ne sais pas. C’est trop fort pour être expliqué…

(Une énorme pensée à ma Ptite Rim…)

Société

Société… Quelle société es-tu? Triste, triste avenir… Nous voilà entrés dans cette période de « répit »… Laisse-moi rire. « Bonheur, amour, santé ». C’est toujours comme ça les deux mois qui viennent. Et puis, tout reprend la routine pire qu’avant, moins pire qu’après. Vers quoi allons-nous? Pessimiste, moi? Non, je te le promets. Je suis plutôt une utopiste, et je crois à mes rêves, je crois à mes gestes, je crois au bonheur universel.

Mais cette société, indifférente, me donne souvent envie de fermer les yeux et de tout laisser tomber. Les gens ne vivent plus les uns avec les autres, mais les uns à côté de autres. Les exemples flagrants, sont les couples que tu croises, chacun, un téléphone greffé soit à l’oreille, soit au bout des doigts. Se parlent-ils par texto? Sûrement plus facilement qu’en face à face. Société, où tout est bon à prendre, pour quelques temps, puis à jeter pour en racheter.

Société de consommation. Société, me dites-vous? Non. Esprit. Cela a tout envie. Partout, comme un souffle qui s’infiltre dans toutes les strates de ta vie privée, de ta paire de chaussette, à ton mari ; de ton mouchoir à ta présence sur Terre… Consommons. C’est ancré en nous. Nous avons le pouvoir de l’argent. Et quand nous avons pas l’argent, nous faisons semblant de l’avoir via des crédits, des paiements en plusieurs fois… On s’enterre sous nos avoirs. Avoir, avoir, avoir… Paraître, paraître, paraître. Et les coeurs sont vides. Creux. Comme nos cervelles. Nous mangeons ce qu’on nous donne à manger. Ma foi, boeuf ou cheval, quelle différence… Aaah, mais ça touche à notre porte-monnaie, alors on s’emporte. Il ne faudrait pas être en rade d’euros pour le dernier objet tant convoité.

Nouveau smartphone, l’ancien est déjà démodé. De toutes façons, il ne fonctionne plus correctement : il a plus de deux ans. Nouveau mari, les sentiments ont disparu, c’est facile de jeter, plus simple que d’essayer de réparer. Et la toute nouvelle idée qui germe dans les esprits : nouvelle planète, à la conquête de l’espace… La Terre devient invivable… Et c’est tellement d’énergie que d’essayer d’en faire quelque chose.

Société actuelle, qui accède à des rêves dont on ne pouvait imaginer il y a 20 ans… Société blasée. Tout est normal, on prend, on jette… On rachète, on rejette.

Où sont passés nos cordonniers? Nos petits repriseurs de quartier? Nos petits réparateurs électroniques de génie? Disparus, engloutis par la vague consommation. Pourquoi réparer un objet démodé… Pourquoi?

On veut tout, tout de suite, maintenant. On ne sait plus attendre, on ne sait plus savourer. On claque des doigts, et on l’obtient…

Alors dis-moi, quelle goût elle a, ta vie? Si tu ne jouis plus de ce que tu as, tellement impatient d’avoir le suivant, encore plus beau, plus NOUVEAU. Nouveau, dernier modèle, hi-tec…

Tout en prend un coup. Jusqu’aux traditions. Tout se change, tout se modernise. Tout, mais trop. On ne laisse plus de place à la saveur… Que nous promet la suite des années???

Ôde à mon morceau de tissu…

Cliquez sur l’image pour la source.

C’est à toi que je dédie ces mots. Toi, si souvent dénigré, mal compris de ceux qui ne te connaissent pas. Et pourtant, ils ont oublié… Ils ont oublié que tu as toujours été présent, peu importe les traditions ancestrales. Toi, qu’on accuse de tous les maux de la République. Toi, qu’on accuse d’emprisonner. Toi, qui pourtant orne de beauté chaque visage, tout en le rendant discret. Toi, mon voile, mon ami depuis dix ans maintenant. Toi dont je me suis affublée sans trop réfléchir à mes gestes, juste parce que mon coeur me poussait à le faire. Toi, pour qui j’ai essuyé remarques négatives et incompréhension… On a eu peur de moi, peur pour moi. Et on a oublié que sous toi, j’étais toujours un être humain, avec une âme, un coeur, et un cerveau. Tu sais ce qu’on dit de toi? On dit que c’est par toi que nous sommes « endoctrinées« … Et puis, certaines personnes (bien évidement, celles qui ne comprennent pas la valeur spirituelle de ton existence) évoquent des thèses, sorties de « je-ne-sais-où ».

Toi, mon voile, toi qui a embelli mon coeur. Toi, qui me replace sur mon chemin. Toi, ma pudeur, mon protecteur… Tout cela, les gens à l’extérieur, ne s’en doutent pas. Et la question revient sans cesse : « pourquoi, pourquoi, pourquoi? » Je l’ai déjà dit, il y a des « pourquoi » qui restent sans réponse, et bien plus que l’on imagine… Toute ma vie a été faite dans l’instinct, dans mon coeur. Depuis mon mariage, jusqu’à la naissance de mes enfants. Depuis ma conversion, jusqu’à ces mots que je tape sur le clavier… JE VIS. Et cela dérange…

Cela dérange que je vive comme je l’entends, quand je me retrouve face à des personnes, visiblement mal à l’aise devant mon long, très long voile. Je vois les questionnements qui se bousculent dans leurs yeux, j’entends leur « moi, je pourrai pas… » silencieux, je ressens leurs envies de me crier « mais libère-toi!! »…

Libérer. Me libérer de quoi? De toi? Mais serait-ce une libération? Pour tomber dans d’autres endoctrinements? Pour tomber dans un autre chemin, suivre une mode, un concept?? Libre de quoi? Et qu’est-ce que la liberté? Leur définition est bien différente de la mienne. M’imposer une « liberté » qui me rendrait prisonnière des apparences. D’autres apparences…

Oui, je suis une apparence quand je m’orne de toi. En te portant, je représente ce que je suis à l’intérieur de moi. Pas pour l’imposer aux autres, pas pour leur faire peur… Juste parce que je ne saurai faire autrement. Et comme je ne suis qu’apparence aux yeux des autres, je me dois d’être au plus vraie, au plus juste. Tu me rends bonne, et je veux te récompenser de la meilleure façon qu’il soit. Je tente de marcher le plus droit possible, et que Dieu pardonne mes écarts. Tu fais partie de ma vie, parce que l’Islam fait partie de ma vie.

Le racisme latent, décomplexé, est de plus en plus présent… Peut-être parce que nous sommes de plus en plus présents nous aussi, avec toi… Tu sais que tu leur fais peur. C’est vraiment toi, qui leur fait peur… Car nous, sans toi, ils disent de nous « intégrées »…  Parce que pour eux, c’est aussi l’apparence qui compte. Mais ils ne voient pas l’intérieur des coeurs. Ils ne savent pas que grand nombre de musulmanes ont encore un petit peur de se couvrir de toi… peut-être à cause d’eux, peut-être à cause de leur ruse, peut-être à cause des bâtons qu’ils mettent dans nos roues…

Mais quand on comprend que tu fais partie de nous, tout est possible avec toi. On ne demande plus l’autorisation : tu es moi, je suis toi, partout où je vais, tu seras là… On m’accepte comme je suis, parce que je souris, parce que je parle normalement, parce que je me comporte normalement. Et peu à peu, tu t’effaces dans leurs yeux… Et enfin, ils comprennent.

Tu restes un habit indispensable à mes sorties, tu fais partie de moi… Et tout mon être ne s’en sort que mieux. Merci à toi, mon voile. Merci de cette main tendu, tu m’as tellement apporté…

Ma liberté, mon hijjab….

Article dédié en particulier à Amal ❤ et à Morgane 🙂

Peur, phobie, et conséquences…

Tu le sais, si tu me suis depuis longtemps, je suis la première à vouloir stopper l’hémorragie de la victimisation… J’ai horreur de ça. Horreur de nous faire passer pour les malheureux persécutés. Horreur de tout mettre sur le dos de « c’est des racistes ». Horreur du mot « islamophobie ». Tu me connais.
Je suis à l’aise avec mes habits, à l’aise avec ma foi, à l’aise avec ma vie. Pourtant, l’évidence rattrape bien vite le monde des bisounours, duquel je me réveille peu à peu.

Comment expliquer la montée de violences gardées sous silence dans les médias? Comment expliquer cette peur, cette névrose, cette fièvre…???

Et puis, je replonge dans mon Coran. Et je lis, je lis, je lis. Ce que je vis, c’est écrit noir sur blanc. Alors je comprends. Ce n’est pas du racisme du 21e siècle. Ce n’est pas une mode. C’est une peur ancrée depuis toujours, depuis longtemps. Et je crois comprendre les choses. La Croyance est déstabilisant pour ceux qui ne la perçoive pas. Et certaines réactions en sont violentes et inadmissibles.

Notre façon de vivre, nos codes traditionnels souvent à l’opposé de ce que propose la société actuel, ça déstabilise, et ça crée la peur.  C’est une réaction, somme toute, humaine. On a naturellement peur de ce qu’on ne connait pas. Ce qui est moins humain, c’est de se réfugier dans cette peur, et de justifier la violence par cette peur.

Parce que « islamophobie », c’est bien la « phobie » de l’Islam. Et actuellement, les personnalités en vogue sur les ondes revendiquent leur islamophobie. J’ai entendu à maintes reprises : « oui, je suis islamophobe, j’ai peur de l’Islam ».

La peur.

La peur a été présente à partir du moment où un peuple s’est senti menacé dans ses richesses, dans ses pouvoirs. Et les réactions ont été les mêmes depuis la création de la Terre : persécutions, assassinats, tortures, humiliations, insultes.

Alors non, nous ne sommes pas plus victimes qu’à une autre époque. Nous ne sommes pas plus victimes que d’autres communautés qui ont d’autres croyances.

Continuer d’avancer, de sourire, de faire comprendre que notre but n’est pas de les égorger en hurlant le nom de Dieu. Continuer ce travail de fourmi autour de soi, pour dire : non, nous ne balançons pas d’avions dans les tours, ce n’est islamiquement pas possible. Marcher tout doucement pour atteindre les coeurs : nous aussi, nous sommes des humains, et derrière nos voiles, nous avons un cerveau en état de marche et un coeur qui bat.

Et moi aussi, je me questionne… Je me demande comment vivre en « électron libre » (pour reprendre les mots de Mélanie Géorgiadès, qui sont les plus justes). Je me souviens des questions existentielles que je me posais depuis toute petite : « pourquoi faire son lit le matin, si c’est pour le défaire le soir?… pourquoi vivre, si c’est pour mourir? ». Questions balayées d’un revers de la main : « parce que c’est comme ça. »

Je n’étais pas d’accord, il y avait forcément une raison. Il n’y a pas de hasard, des choses qui arrivent « comme ça ». Je ne voulais pas croire à ça. Je me suis réfugiée, très vite dans la « fatalité ». La fatalité, un mot qui fait peur, mais qui me rassurait. Je l’appelais plutôt Destin, et ça me convenait mieux.

Je me disais : « Ce qui est passé, est passé et devait se passer ainsi. Maintenant, il faut continuer de l’avant. » Alors, j’ai avancé. On ne refait pas le passé, on ne fait du futur que ce qui nous est permis d’en faire. J’ai laissé tomber les vieilles théories de « avoir la poisse », « avoir de la chance », « vouloir, c’est pouvoir », etc… Je n’y croyais plus, depuis que mon père s’est jetté du 12e étage. Parce que j’avais beau vouloir que cet événement ne soit qu’un cauchemars, j’avais beau vouloir me réveiller et qu’il soit à mes côtés, je n’ai rien pû faire d’autre que d’écraser mes larmes et ma colère.

Mais rien n’arrive par hasard. Il a fallu qu’il meurt, dans ces conditions pour que je comprenne l’enchaînement des choses, de la vie, et que je prenne le chemin qui me convienne.

Pourquoi est-ce que d’aller au-délà des considérations quotidiennes (collège, manger, copines, dodo, shopping) ça fait peur? Réfléchir fait peur? Alors, on fait passer les croyants -peu importe leurs croyances- pour des gens « simples d’esprits ». « Oh, elle sort d’une dépression, c’est pour ça qu’elle a trouvé un refuge dans la religion! » ; « Hum, celui-ci a fait de la prison, il en est devenu timbré, pas étonnant qu’il se soit converti. »…etc… Ce n’est QUE ça. Trouver une cause « palpable » pour être croyant. Et surtout, surtout, se dédouaner de ne pas croire, de ne pas se poser les questions qui fâchent, de ne pas vouloir comprendre.

« Pourquoi on vit si on meurt? »… »Parce que. » ; « Pourquoi elle croit en Dieu? »… »Ça lui fait du bien, elle était dépressive, la pauvre… c’est pas bien méchant, hein. »

On est traité soit en criminels (tous les actes terroristes sont d’abord mis sur le dos des « islamistes »), soit on est traité en pitié : « les pauvres, ils sont gentils mais un peu simple d’esprit ».

Voilà ce que ressent les Croyants. Voilà les effets des tons « mielleux » quand on nous parle.

Je n’ai aucune haine dans mon coeur, je n’ai aucune envie de vengeance. Je continue à placer ma confiance en Dieu, et à Lui demander de nous guider vers la meilleure sortie…

Capture d’écran 2013-11-12 à 10.18.18